Équilibre entre un artiste hors système et vie en société ; Laborit

On peut s’étonner de ce que la motivation du créateur, si elle a sa source dans l’angoisse existentielle, celle de la mort, toile de fond obscure de toute vie humaine, puisse avoir besoin de la diffusion des résultats de sa création. La construction d’un monde imaginaire où il fait bon vivre enfin, loin des roquets de la dominance, devrait être suffisamment gratifiant en lui-même. C’est sans doute vrai d’ailleurs pour la création artistique. La vie et l’œuvre d’un Van Gogh, pour ne citer que lui, en sont un exemple.

Mais même dans le cas de la création artistique, l’artiste ne vit pas isolé, dans l’absolu, mais dans une société à laquelle il demande son alimentation, son habitation, son habillement, l’assouvissement de ses besoins fondamentaux en résumé tout le monde n’a pas un Théo à sa disposition. Cette aliénation économique le vrai créateur s’y soumet au minimum. Mais comme il n’existe pas en art de critère absolu de la beauté, un mélange complexe de motivations, celle de l’artiste, celle du marchand qui tire bénéfice du commerce de l’œuvre, celle de celui qui la regarde, ou qui l’achète, va commander la réussite immédiate ou retardée. Or cette réussite est une réussite sociale. Une réussite hiérarchique ou économique.

La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard.

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