Dans un très lointain passé, un modèle de meilleure répartition des pouvoirs entre hommes et femmes aurait précédé la culture patriarcale, un modèle caractérisé par un partage des sexes relativement équitable, dans lequel «l’un vaut l’autre», selon la formule de la philosophe Élisabeth Badinter1. Ainsi, l’Égypte ancienne compta des pharaonnes (Hatchepsout et Cléopatre) ainsi que de grandes épouses royales (Néfertiti et Néfertari), mais également des femmes hauts fonctionnaires ou médecins, selon l’exemple donné par Pesechet, la première femme médecin de l’histoire. À l’époque, les représentantes du sexe féminin avaient en effet la liberté d’étudier, d’hériter, de léguer, de divorcer et même d’intenter un procès à leur époux2.
Des droits dont pouvaient également se prévaloir les femmes de la civilisation celte, laquelle s’étendait, à l’âge de fer, sur la quasi totalité de l’Europe occidentale. Comme l’a montré l’écrivain Jean Markale dans La Femme Celte3, tandis que les mythes célébraient une femme symbole de royauté et de spiritualité, la femme réelle pouvait devenir chef de famille, héritier et transmettre ses biens, exercer des fonctions sacerdotales et participer aux guerres ; en outre, elle n’appartient pas à son mari, qu’elle avait la liberté de choisir, d’épouser ou non, puis de quitter, sa liberté sexuelle étant égale à celle de l’homme.
1:Élisabeth Badinter, XY. De l’identité masculine, Pari, Le livre de Poche, 1994.
2 : «La femme dans la société égyptienne» in «Egyptomania», une collection Le Monde, vol. 8.
3 : Jean Markale, La Femme Celte, Paris, Payot Rivages, 2001, voir aussi Sabine Heinz, Les symboles des Celtes, Paris, Guy Trédaniel, 1998
Le mythe de la virilité, un piège pour les deux sexes ; Olivia Gazalé ; Robert Laffont ; 2017 ; p. 41