Si l’on en croit certains, l’avenir est perdu d’avance puisque cette agressivité, cette recherche de la dominance fait partie du patrimoine génétique qui lui a été transmis par les espèces qui l’ont précédés. Nous avons déjà eu l’occasion d’exprimer notre opinion sur cette prétendue agressivité congénitale. Mais l’homme est doué aussi d’une conscience imaginative. Il est ainsi sans doute la seule espèce à avoir compris aujourd’hui le danger que fait courir à cette espèce, cette pression de nécessité à laquelle d’innombrables espèces se sont antérieurement soumises ainsi que la sienne depuis toujours. Peut-être alors devant la crainte imminente du désastre, ayant essayé auparavant sans succès tous les petits moyens que la technique peut lui fournir pour retarder la disparition des systèmes hiérarchiques de dominances qui sont à l’origine de la destruction et de l’épuisement de la biosphère, comme de l’insuffisance de ses systèmes sociaux, changera-t-il les moyens utilisés jusqu’ici pour survivre. Nous devrions plutôt dire les moyens utilisés jusqu’ici pour maintenir ses structures sociales, la structure hiérarchique de ses sociétés. Ayant constaté que la survie du groupe ne pouvait plus être lié à la dominance à partir du moment où avec l’accroissement démographique, la vie de tous les hommes de la planète était concernée par l’action d’un seul groupe humain, il lui faudra, s’il veut survivre en tant qu’espèce, se comporter comme un homme, non comme un partisan.
La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard.
Pg 323-324