Sacrifice de la chevelure ou de la chasteté à Byblos; Frazer; Le Rameau d'or.

A Byblos, dans le sanctuaire de la grande Déesse phénicienne Astarté, la coutume était différente. Là, lors du deuil annuel où l’on pleurait al mort d’Adonis, les femmes devait se raser la tête ; celles qui refusaient étaient tenues de se prostituer à des étrangers et de consacrer la salaire de leur honte à des sacrifices à la déesse. Bien que Lucien qui cite la coutume, ne le mentionne pas, on a de bonnes raisons, de croire que les femmes en questions étaient généralement des jeunes filles, de qui on exigeait ce geste de piété comme préliminaire au mariage. En tout état de cause, un point est clair : c’est que la déesse acceptait le sacrifice de la chasteté à la place du sacrifice de la chevelure. Et pourquoi ? Pour beaucoup de gens, comme nous le verrons dans la suite, la chevelure est, en un sens, le siège de la force ; et on a très bien pu supposer qu’elle contenait à la puberté, une double dose d’énergie vitale, puisque à cette époque elle est le signe visible et la gage d’une force récemment acquise, celle de la reproduction. On peut supposer que c’est la barbe plutôt que la chevelure qu’offrent les hommes en semblables circonstances. Ainsi, la substitution autorisée à Byblos devient compréhensible : les femmes donnaient de leur fécondité à la déesse, qu’elles leur offrissent leur chevelure ou leur chasteté. Pg 29-30 Frazer et le cycle du rameau d’or, Nicole Belmont et Michel Izard, Laboratoire d’anthropologie sociale; Collège de France.]]>

Thésée, Hippolyte, Virbius aimé de Poséïdon/Diane; Frazer; Le Rameau d'or.

La deuxième divinité mineure qui réclame notre attention à Némi, c’est Virbius. Suivant le tradition, on reconnaissait en lui le jeune héros, Hippolyte, auquel Chiron, le centaure, avait enseigné l’art de la vênerie1. Le bel et chaste adolescent passait ces jours à poursuivre les bêtes sauvages sous la verte ramée, en compagnie de Artémis, la vierge chasseresse, la Diane des Grecs. Fier de cette amitié divine, Hippolyte rejetait avec mépris l’amour des femmes, c’est ce qui causa sa perte. Aphrodite, piquée par son dédain, inspira à Phèdre, sa marâtre, de s’énamourer de lui, et, lorsqu’il écarta ses avances incestueuses, elle l’accusa auprès de Thésée, père du héros. Ce dernier crut la calomnie et, s’adressant à Neptune dont il était le fils, il le supplia de venger le délit imaginaire. Tandis qu’Hippolyte conduisait son char sur les bords du golfe Saronique, le dieu marin fit sortir des flots un taureau furieux. Les chevaux terrifiés s’emportèrent : Hippolyte fut jeté à bas de son char et ses coursiers le tuèrent en le traînant à leur suite. Mais Diane, qui aimait Hippolyte, persuada Esculape, le guérisseur, d’employer ses herbes curatives et de rendre à la vie le jeune et beau chasseur. Jupiter indigné qu’un mortel pût revenir des bords de l’Achéron, expédia aux Enfers le praticien officieux en personne. Diane cacha son favori à la vue du Dieu courroucé, et, l’enveloppant dans un gros nuage, elle déguisa ses traits en augmentant le nombre de ses années, puis elle le transporta bien loin, jusqu’au vallon de Némi, où elle le confia à la nymphe Égérie ; c’est au fond de ce bocage italien qu’Hippolyte, inconnu et solitaire, vécut en roi, et qu’il dédia une enceinte sacrée à Diane ? Il eut un fils, de toute beauté,Virbius, qui, nullement épouvanté par le sort de son père menait un attelage de fougueux coursiers qui alla se joindre aux Latins dans la guerre contre Énée et les Troyens. Virbius était vénéré comme divinité non seulement à Némi mais encore ailleurs (en Campanie)…. Mais « le fait est » selon Servius « que ce dieu joue auprès de Diane le rôle qu’Atys joue aurpès de Cybèle, Adonis auprès de Vénus, et Érechtée auprès de Minerve…. Le saint Hippolyte du calendrier catholique, qui fut martyrise par ses propres chevaux, le 13 août, jour de Diane, n’est peut-être que le héros du même nom, tué de la même façon par ses propres chevaux. Ainsi après être mort deux fois de suite comme pêcheur païen, il a été heureusement ressuscité comme saint chrétien. 1:chasse à cours pg 24-25 Frazer et le cycle du rameau d’or, Nicole Belmont et Michel Izard, Laboratoire d’anthropologie sociale; Collège de France.]]>

Les jardins d'Adonis; Frazer; Le Rameau d'or.

Les fêtes d’Adonis célébrées en Asie occidentale font penser que la mort d’Adonis ne représente pas tellement le dépérissement de la végétation en hiver que la destruction violente du blé fauché, battu sur l’aire, puis broyé par la meule. Le rituel des « Jardins d’Adonis » célébré par les femmes en est un indice supplémentaire. C’étaient des paniers ou des récipients remplis de terre où l’on semait du blé , de l’orge, des laitues, du fenouil ; la chaleur et des arrosages fréquents faisaient rapidement germer les plantes, qui se flétrissaient tout aussi rapidement ; au bout de huit jour, elles étaient jetées dans la mer ou dans des sources en même temps que des statuettes représentant Adonis mort. XVII Frazer et le cycle du rameau d’or, Nicole Belmont et Michel Izard, Laboratoire d’anthropologie sociale; Collège de France.]]>

De Dumuzi à Adonis, éternel est son voyage aux enfers; Frazer; Le Rameau d'or.

A babylone et en syrie on rendait au Dieu Tammouz (Dumuzi) un culte qui fut emprunté par les Grecs dès le VIIème siècle avant notre ère : ceux-ci substituèrent à son nom l’appellation d’Adon, « seigneur ». Tammouz est un époux ou un amant adolescent d’Ishtar, la grande déesse de Babylone. Il meurt Continuer la lecture de « De Dumuzi à Adonis, éternel est son voyage aux enfers; Frazer; Le Rameau d'or. »

Le chant de Manéros, Enquête, Hérodote

Ils suivent les coutumes de leurs ancêtres et n’en adoptent point de nouvelles. Entre autres usages dignes de mention, ils n’ont qu’un seul chant, le chant de Linos, qu’on chante également en Phénicie, à Chypre et ailleurs; il porte un nom différent dans chaque pays, mais l’on s’accorde à y reconnaître le chant en usage en Grèce sous le nom de chant de Linos.; et, parmi tout ce qui m’a étonné en Égypte, il y a ce chant: je me demande d’où les Égyptiens l’ont pris. Il est clair qu’ils l’ont toujours chanté; son nom est, en Égyptien, Manéros: on m’a dit en Égypte que ce Manéros était le fils unique de leur premier roi, et qu’à sa mort (qui fut prématurée) les Égyptiens firent en son honneur ce chant de deuil, le premier et le seul qu’ils connaissent1.

 

 

1: Les documents Égyptiens ne connaissent pas de prince royal de ce nom. Le chant de Manéros (ou de Linos) semble bien être celui que chante le harpiste aveugle (voir article « Regarde-le, et maintenant bois et réjouis-toi, … »). Le Linos: chant de deuil qui déplorait, disait-on, la mort de Linos, fils d’Apollon et d’Uranie, tué par Apollon; dans Homère, il scande le travail des vendangeurs; on y voit la plainte rituelle sur la mort d’un dieu personnifiant la végétation, l’Adonis phénicien.

 

 

pg 200

   

L’Enquête, Livre II, Hérodote, Edition d’André Barguet, folio classique.

 ]]>