Marduk se laisse convaincre à cette opération suggérée par Erra; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

Lorsqu’il eut entendu cette réponse, Marduk

ouvrit la bouche et s’adressa à Erra-le-preux :

« Si je quitte ma résidence,

le lien de l’univers se défera

et les eaux monteront dévaster la terre ;

Le clair-jour tournera en ténèbres ;

La tempête se lèvera occultant les étoiles du ciel ;

Le vent-mauvais soufflera, qui voilera le regard

des hommes en vie ;

Les diables monteront de l’Enfer et ……. s’emparera de ….. :

et qui donc, désarmé, leur pourra résister ?

Les Anunnaki monteront de l’enfer abattre les vivants :

qui les repoussera, avant que je prenne mes armes? »

Mais Erra ayant entendu ce discours,

ouvrit la bouche et s’adressa au prince Marduk :

« Prince Marduk, en attendant

que tu réintègres en personne ce temple

et que, le feu ayant nettoyé tenue, tu reprennes ta place,

jusqu’au bout je gouvernerai,

tenant ferme le lien de l’univers :

Je monterai au ciel donner des instructions au Igigi ;

Je descendrai en l’Apsû-infernal m’occuper des Anunnaki ;

Je renverrai au Pays-sans-retour les diables sauvages,

levant contre eux mes armes déchaînées ;

Du vent-mauvais, je paralyserai les ailes,

comme à un volatile !

Et même, dans ce temple, quand tu le réintégreras,

Prince Marduk,

A gauche et à droite de ta porte,

je ferai se tenir accroupis, comme des boeufs,

Anu et Enlil! »

Marduk, lorsqu’il l’eut entendu,

ce discours prononcé par Erra lui parut délectable !

Il quitta donc sa résidence inaccessible

et il se dirigea vers celle des Anunnaki.

Quand il y fut entré, il se tint devant eux.

Šamaš, l’ayant aperçu, obscurcit ces rayons

Sîn regardait ailleurs et ne ….. l’enfer.

Les vents-mauvais se levèrent,

tournant le plein jour en ténèbres.

Et sur la terre entière, le tumulte des peuples ….

tandis que les Igigi, terrorisés,

s’en furent en haut du ciel,

et que, de peur, les Anunnaki

se précipitèrent au fond de l’enfer! »

Le poème d’Erra, tablette I,v.168-tablette II v.10

Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.

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Éa donne la méthode à Ninurta afin de couper les ailes d'Anzû et de lui faire perdre la parole, mais qu'est-ce vraiment que ces ailes ??; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

(ndlr:Ninurta n’arrivant pas à vaincre Anzû, il va chercher conseil auprès du très astucieux Éa)

Éa substitue une tactique rationnelle : les Vents, compagnons d’armes et soldats du dieu, seront utilisé d’emblée, selon leur nature propre, pour désemparer l’ennemi par des harcèlements, des heurts et des saccades qui obligeront Anzû, vertigineux et désiquilibré à laisser choir ses ailes : d’une part, il ne pourra plus s’envoler et se dérober au coups : d’autre part, Ninurta profitant du désarroi et de la garde baissée de son adversaire, sera plus aisément à même de les lui trancher. La douleur et la stupeur de se voir ainsi mutilé et dépouillé d’un attribut essentiel à sa nature et à son destin d’oiseau couperont la parole à Anzû, le rendant de la sorte incapable d’user de son pouvoir « magique » de commander souverainement aux choses. Ainsi sera-t-il forcément vaincu, et il ne restera plus qu’à envoyer lesdites ailes, en trophée, parmi les trésors sous clef dans le temple d’Enlil1.

Note de bas de page :

1:Marduk en fera autant pour le sang de Tiamat. On peut traduire autrement le terme clef de la phrase : au lieu de « au secret », « en annonce de bonne nouvelle », comme si l’envoi des ailes suffisait à notifier la victoire. Mais il est plus difficile ainsi le parallèle cité à l’instant (Marduk et Tiamat) ; et, d’autre part, un certain nombre de rituels exorcistiques dits « de précaution » recommandent en effet, et d’éloigner le mal le plus possible, et de le perdre en des endroits inaccessibles : il y a donc des chances que le vainqueur ait pris la même précaution en écartant au loin et « au secret » – dans le palais de son père- le sang du monstre qui, en lui revenant au corps, le remettrait en vie.

Commentaire sur l’édition récente du mythe d’Anzû, pg415-416

Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.

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