Mais imaginons un instant qu’il soit possible de s’organiser un peu, de mieux répartir le temps de travail, de l’aménager, en parallèle de la baisse de nos besoins de consommation. Considérons la part du PIB qui est consacrée entièrement ou partiellement à la voiture et à son système technique associé.
Il y a d’abord les «fabricants» eux-mêmes : les constructeurs automobiles, les équipements, leur logistique, les équipements nécessaires pour construire et entretenir les usines (robots, machines), les producteurs de matières premières ou transformées : acier, aluminium, plastiques (polypropylène, polyesters, …), caoutchouc artificiels, peintures, verre…
Il y a ensuite tout ce qui concerne les réseaux techniques et commerciaux, nécessaires ou associés : les concessionnaires, les garages, les casses, les décharges ; l’ensemble du système pétrolier, des puits aux stations-services (des milliers d’employé rien que pour vérifier la métrologie et entretenir les pompes de distribution), en passant par les plateformes, les pétroliers, les infrastructures portuaires, les raffineries, les pipelines ; les travaux publics et leurs machines, les parkings souterrains (avec l’acier, le ciment, le sable et les granulats…), les routes et toutes les sociétés d’entretien, le bitume, les glissières, les panneaux, les péages, les feux de signalisation, les peinture au sol ; l’ensemble des dépenses de publicités, avec leur matières premières consommées comme le papiers et les encres dans les journaux, pour les affiches…
Il y a enfin toutes les activités induites, de contrôle, de régulation ou de gestion des conséquences : les radars, les policiers et leurs moyens techniques, les fabricants d’alcootests, les hôpitaux, les chirurgiens, les infirmiers, les kinésithérapeutes, les juges, les assurances, avec leur immeubles et leurs ascenseurs ; l’administration (cartes grises, autrefois vignettes…) ; le ravalement régulier d’immeubles noircis, le traitement des eaux polluées (bassin d’orages) et, à terme, le coût du changement climatique ; sans compter une partie des forces armées, avec leur propre système technique, pour sécuriser nos approvisionnement pétroliers ou métalliques…
L’âge des Low Tech, Philippe Bihouix ; Anthropocène ; Seuil ; 2014 ; pp 195-196