Symbolisme agricole; Le bouclier; Hésiode

À quelque distance de la ville

 

d’autres galopaient sur des chevaux.

 

Les laboureurs

 

brisaient la terre divine.

 

Ils portaient la tunique

 

retroussée. Il y avait

 

un grand champ. Certains coupaient

 

avec des faucilles aiguisées,

 

les tiges courbées sous le poids

 

des épis. On aurait dit vraiment

 

le grain de Déméter.

 

D’autres liaient les gerbes

 

et les disposaient sur l’aire

 

D’autres vendangeaient la vigne,

 

le couteau à la main.

 

D’autres recevaient des vendangeurs

 

et portaient à des paniers

 

des raisins blancs et noirs

 

pris à de long rangs de ceps,

 

alourdis par les feuilles

 

et les vrilles couleur d’argent.

 

D’autres les portaient à des paniers.

 

Près d’eux un rang de ceps,

 

tout en or, admirable travail

 

du sage Héphaïstos.

 

D’autres allaient de l’avant,

 

chacun avec son flûtiste.

 

Tout frémissait de feuilles ;

 

les tuteurs étaient d’argent.

 

Tout pliait sous le poids des grappes

 

déjà presque noires.

 

v 285 à 296

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Les origines postdiluviennes de l'Agriculture; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

Quand le déluge eut tout emporté

et provoqué la ruine de la terre,

La permanence des hommes demeurait cependant assurée,

et préservée leur descendance :

Les têtes-noires pouvaient resurgir de leur argile,

mais lorsque An et Enlil

eurent derechef appelé les hommes à l’existence,

s’ils instituèrent le gouvernement,

la royauté, joyau des cités,

ils ne la firent pas encore descendre ici-bas !

Pour la foule des successeurs de l’humanité disparue

Ils ne mirent pas davantage en place,

de par Ningirsu, Bêche ni houe,

ni couffin, ni charrue qui anime la terre !

En ce temps-là, les hommes en avaient pour cent ans ;

et lorsque arrivait leur âge avancé,

Ils en avaient encore pour cent ans !

Mais, faute de pouvoir s’acquitter des travaux nécessaires,

leur nombre diminua, diminua beaucoup ….,

et, dans la bergerie, le menu-bétail dépérit !

C’est alors que, l’eau ayant manqué à Lagaš,

il y eut famine à Girsu :

car, ni l’on creusait de canaux,

ni l’on curait de rigoles d’arrosage,

ni l’on irriguait au shadouf, les vastes campagnes :

Même copieuse, on n’utilisait pas l’eau pour arroser prés et champs-

Les hommes ne comptaient que sur l’eau de pluie !

Céréale (Ašnan) ne produisait donc pas d’orge-diapré :

pas un sillon n ‘était creusé,

ni ne portait son fruit !

Pas une terre n’était travaillée,

ni ne portait son fruit !

Contrées ni foules ne faisaient de libations aux dieux :

bière, vin,……

Vin-doux…….

Pour les obtenir, on ne travaillait point

les larges terres à la charrue !

…….

Les canaux……..

Les champs………

C’est afin de creuser des canaux,

de curer des rigoles d’arrosage,

d’irriguer, au shadouf, les vastes campagnes,

d’utiliser l’eau abondante pour arroser prés et champs,

que les dieux mirent à la disposition des hommes

Bêche, houe, Couffin et Charrue

qui animaient la terre !

Et, dès lors, les hommes se mirent à faire pousser l’Orge !

Et, dès lors, devant Céréales, encore jeune, là présente,

Ils patientèrent,

jour et nuit, le temps nécessaire,

Attentifs !

Dès lors, devant Céréale, productrice de l’Orge-à-semer,

Ils se prosternèrent avant de se mettre au travail !

Version intégrale

Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.

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Comment les céréales ont été introduites en Sumer; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

En ce temps-là, les hommes ne mangeaient que de l’herbe

comme font les moutons :

C’est alors, très anciennement,

que An fit descendre le ciel

Céréales (Ašnan), Orge et Lin.

Or enlil, s’apprêtant tel un bouquetin,

à dévaler la montagne escarpée,

jeta un œil en-bas : c’était la mer nue !

Alors, il regarda en-haut :

c’était la montagne au parfum de cèdre,

il mit donc l’Orge en tas

et l’entreposa sur cette montagne-

il mit en tas la richesse du pays

et l’entreposa sur la montagne…

Puis il condamna les flancs de la région montagneuse,

auparavant large-ouverts,

de chevilles qui joignaient ciel et terre,

de verrous qui …

….

or un jour Ninazu…

dit à Ninmada, son frère :

« Gagnons la montagne,

la Montagne où pousse Orge et Lin ;

Et, par la Rivière tumultueuse,

dont l’eau jaillit du sol,

Faisons descendre l’Orge de la Montagne,

Et amenons jusqu’à Sumer cette Orge-innuha.

Ainsi révélerons-nous l’orge à Sumer, qui l’ignore! »

Mais Ninmada, soumis à An, lui répondit :

« Puisque notre père ne nous à point donné l’ordre-

Puisque Enlil ne nous l’à pas commandé,

pourquoi gagnerions-nous la Montagne,

en ferions-nous descendre l’Orge,

Amènerions-nous jusqu’en Sumer cet Orge-innuha,

Et révélerions-nous ainsi l’Orge à Sumer, qui l’ignore ?

Viens plutôt ! Allons consulter Utu-le-céleste :

Celui qui dort, celui qui dort et qui sommeille,

Utu-le-preux, le fils de Ningal,

qui dort et qui sommeille! »

Ils levèrent donc leur mains vers Utu-aux-septante-Portes

Version intégrale.

Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.

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Ils ne savaient ni manger de pain ni se couvrir de vêtements; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

Aussi les hommes de ces temps reculés

ne savaient-ils ni manger du pain

ni se couvrir de vêtements :

ils allaient et venaient tout nus,

se nourrissant d’herbage, comme le font les moutons,

et ne buvant que l’eau des fondrières.

C’est alors qu’en leur Lieu-de-naissance,

Leur résidence : le Saint-monticule,

les dieux créèrent Brebis-mère et Céréale,

Qu’ils introduisirent ensemble en leur auguste réfectoire !

Ainsi les Anunna du Saint-monticule

consommèrent-ils largement des produits

de Brebis-mère et de Céréale,

sans pour autant parvenir à se rassasier.

Les Anunna du Saint-monticule

burent le lait délicieux de leur auguste bergerie,

sans parvenir, pourtant, à s’en soûler :

c’est pourquoi,

en leur auguste bergerie, et pour leur bénéfice,

ils octroyèrent aux hommes le souffle-de-vie.

Enki dit alors à Enlil :

« Ô vénérable Enlil, brebis-mère et céréale,

déjà présentes au Saint-monticule,

faisons-les descendre sur terre! »

Voila comment, à l’ordre d’Enki et d’Enlil,

Brebis-mère et Céréale

descendirent (ici-bas) depuis le Saint-monticule

Extrait du Prologue du tournoi « Céréale contre Menu-bétail », v.20_42

Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.

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Extraits choisis du Lugal.e; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

Et lorsqu’en la contrée rebelle, il eut sarclé comme joncs

et arraché comme roseaux l’Asakku,

Le seigneur Ninurta …… sa matraque (en disant)

« Tel……. :

Désormais, on ne t’appellera plus Asakku, mais « Pierre »

-Une pierre dont le nom propre sera zalqu

au sein de quoi se trouvera l’Enfer

et dont la vaillance reviendra au seigneur. »

…………….

Or en ce temps-là, l’eau vivificatrice

ne sortait pas encore du sol,

Mais, transformée en glace accumulée,

elle ravinait, en fondant, les montagnes,

aussi les dieux du pays, réduits au travail forcé,

devaient-ils -telle était leur corvée-

porter la pioche et le couffin

car, afin d’assurer la production,

on avait pas d’autre ouvriers à engager.

………………..

Cruelle était la famine, car rien n’était encore produit !

Nul ne nettoyait les canaux, nul n’en draguait la fange,

Et, faute de drainage, la glèbe était imbibée d’eau !

Il n’y avait d’orge que clairsemée :

On ne creusait pas de sillon,

C’est à quoi le Seigneur appliqua sa haute intelligence :

il entreprit la réalisation de merveilles1 !

En la montagne, il amoncela donc les pierres,

et, déployant ses bras

tel un nuage épais qui traverse le ciel,

il verrouilla le front du pays, comme une altière muraille

……………….

Dès lors, le contenu entier de l’univers,

sous la coupe du roi du pays, jusqu’aux bouts de la terre,

jouirait des bienfaits du Seigneur Ninurta !

A la terre arable, il assigna donc

la culture de l’orge diaprée ;

des jardins et vergers il fit sortir des fruits,

et remplit les silos de monceaux de grains.

Hors du pays, il installa des comptoirs de commerce,

ainsi contenta-t-il tous les désirs des dieux,

lesquels, à l’envi, proclamèrent

Le los du père de Ninurta !

Une fois, cependant, il attrista le coeur d’une femme, sa mère,

Ninmah, qui en perdit le sommeil, sur sa couche

où, se souvenait-elle, elle l’avait conçu !

Son corps vêtu d’une toison de laine, semblant une brebis,

une brebis pas encore tondue,

elle se complaignait aigrement que lui fût fermée la montagne.

………….

Ontologie des noms de Ninhursag, nouvelle attribution de Ninmah

Le nom sera désormais « les monts » (hur.sag)

et tu en seras « la dame »(nin).

Tel est ton destin arrêté par moi, Ninurta :

Ainsi en sera-t-il !

Aussi, dorénavant, te dira-t-on toujours « dame-des-monts »

……….

Déesse auguste (dingir.mah) qui n’aimes guère les bavardages ;

Noble femme, dame des monts (Nin. Hursag), lieu pur (ki.sikil) ;

Dame de l’enfantement (Nin.tu) ….

1:On trouvera en akkadien cette expression dans l’épopée de la création attribuée à Marduk

Extrait du Lugal.e v.324-330, 334-339, 343-351, 360-371 et 394-396

Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.