A la fin de la journée de Sapiens : le deuxième choix; Diamond

Le mode de vie pratiqué par les chasseurs-cueilleurs est celui qui a connu la plus grande réussite et a persisté le plus longtemps depuis que notre espèce existe, alors que nous sommes encore en train de débattre avec les ploblèmes dans lesquels nous a plongés l’agriculture et que nous ne savons pas si nous allons pouvoir les résoudre. Si nous esquissons l’histoire de l’humanité sous la forme d’un cadran d’une horloge comprenant 24 heures, chacune d’entre elles représente cent mille ans. L’histoire du genre humain a commencé à 0 heure, nous sommes à présent presque à la fin de notre première journée. Nous avons vécu comme chasseurs-cueilleurs pendant la quasi totalité de celle-ci, de l’aube à midi, puis au soir. Finalement, à 23h54, nous avons adoptés l’agriculture. Rétrospectivement, cette décision a été inévitable, et il n’est plus question de revenir en arrière. Maintenant que minuit approche, la question se pose de savoir si la situation critique que connaissent de nos jours les paysans africains va s’étendre graduellement au monde entier, ou bien si nous allons arriver, d’une façon ou d’une autre, à jouir sans contrepartie négative de ces bienfaits que nous imaginons derrière l’apparence prometteuse de l’agriculture, mais qui se sont dérobés à nous jusqu’ici, excepté sous une forme des plus mitigées.


Jared Diamond ; Le troisième chimpanzé ; Folio essai ; p 347-348

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Une révolution agricole ? -2; Diamond

Tandis que la densité des populations de chasseurs-cueilleurs s’est mise à augmenter lentement à la fin de l’ère glaciaire, les tribus eurent à choisir, en quelque sorte, consciemment ou non, entre nourrir plus de bouches en se lançant dans le processus qui conduisit à la révolution de l’agriculture, ou bien trouver certaines façon de limiter la croissance démographique.

Quelques-unes choisirent la première solution, dans la mesure ou elles furent incapable de prévoir quels seraient les inconvénients ultérieurs de l’agriculture. Du reste, elles furent initialement encouragées à persister dans cette voie parcequ’elle connurent effectivement un état d’abondance transitoire, tant que l’accroissement de leurt population n’avait pas encore annulé le bénéfice de l’accroissement de la production alimentaire.

Les effectifs démographiques de ces tribus devinrent alors bien plus élevés que ceux des tribus qui avaient choisi de rester chasseur-cueilleurs ; et les premières repoussèrent donc les secondes dans les régions peu favorables à l’agriculture ou bien les exterminèrent : en effet, dix paysans mal nourris sont néanmoins plus forts qu’un seul chasseur en bonne santé.

Il n’est pas vrai que le mode de vie lié à la chasse et à la cueillette ait été abandonné, mais les êtres humains qui ont été assez perspicace pour décider de continuer à vivre ainsi ont été repoussés de toutes les régions, excepté de celles dont ne voulaient pas les agriculteurs. Les chasseurs-cueilleurs actuels persistent principalement dans diverses régions de par le monde inadaptées à l’agriculture, comme le désert ou l’Arctique.

Les archéologues qui étudient l’origine de l’agriculture ont réussi à reconstituer les grandes caractéristiques du moment où nous avons pris l’une des décisions les plus cruciales de l’histoire humaine : forcé de choisir entre limiter la croissance de la population humaine ou accroître la production alimentaire, nous avons opté pour le second terme de cette alternative, d’où il a résulté la famine, la guerre, la division sociale et la tyrannie. Or, le même choix se pose de nouveau à présent, à la différence près que nous pouvons maintenant disposer des leçons du passé.


Jared Diamond ; Le troisième chimpanzé ; Folio essai ; p 346-347

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Propagation de l'agriculture; Diamond

Si, avec l’avènement de l’agriculture, l’élite a bénéficié de meilleures conditions de santé, mais que le sort du plus grand nombre s’est déterioré, comment expliquer que la révolution agricole ait été adoptée ?

C’est que l’agriculture pouvait fournir des moyens de subsistance à un plus grand nombre de personnes que la chasse et la cueillette, indépendamment de savoir si elle fournissait en moyenne plus de nourriture à chaque individu. La densité des chasseurs-cueilleurs est typiquement de une ou de moins d’une personne par mile1 carré, tandis qu’elle est en moyenne au moins dix fois plus élevée chez les populations d’agriculteurs. La raison en est, en partie, qu’un hectare de terre cultivée entièrement en plantes comestibles produit bien plus de quintaux de nourriture, et donc permet de nourrir bien plus de bouches, qu’un hectare de forêt parsemé de plantes sauvages comestibles. Une autre raison est aussi, en partie, que les chasseurs-cueilleurs, du fait de leur mode de vie nomade, étaient obligés d’espacer la naissance de leurs enfants d’au moins quatre ans, en recourant à l’infanticide et à d’autres moyens, parcequ’une mère devait porter son bébé jusqu’à ce qu’il soit assez grand pour suivre les adultes. Les agriculteurs sédentaires, n’avaient pas ce problème ; une femme pouvait mettre, et mettait effectivement au monde un enfant tous les deux ans. Si l’agriculture passa pour un progrès, c’est sans doute parcequ’elle permet la production de bien plus de quintaux de nourriture à l’hectare, entraînant la croissance des populations, puisque la santé et la qualité de vie des Hommes individuellement (y compris sur le plan de la santé) dépendent de la qualité de nourriture par bouche à nourrir.

1:Un mile carré mesure 2.5 km².


Jared Diamond ; Le troisième chimpanzé ; Folio essai ; p 345-346

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Agriculture et inégalité; Diamond

En même temps qu’elle a suscité pour la première fois la division de la société en classes, l’agriculture a peut-être également exacerbé les inégalités entre les sexes qui existaient déjà. Les femmes se sont vu bien souvent octroyer une part du labeur bien plus grande, elles ont été épuisées par des grossesses plus fréquentes et elles ont donc souffert d’une santé plus médiocre. Sur les momies chiliennes datant de l’an 1000, la fréquence de l’artrose et des lésions osseuses associées aux maladies infectieuses est plus grande chez les femmes que chez les hommes. Dans les communantés agricoles d’aujourd’hui en Nouvelle-Guinée, j’ai souvent vu des femmes tituber sous des chargements de légumes ou de bois de chauffage, tandis que les hommes marchaient les mains libres. Un jour, j’avais offert aux habitants d’un village de payer quelques-uns d’entre eux pour me transporter du ravitaillement depuis un petit aéroport de brousse jusqu’à mon campement dans les montagnes. Un groupe de volontaires s’était proposé, composé d’hommes, de femmes et d’enfants. Le paquet le plus lourd était représenté par un sac de riz de 50 kg, que j’attachai à un grande perche, demandant à une équipe de quatre hommes de la prendre ensemble sur leurs épaules. Lorsque je me suis finalement joint au groupe des villageois pour nous mettre en route, je me suis aperçu que les hommes s’étaient les charges légères, tandis qu’un petit bout de femme moins lourde que le sac de riz était ployée sous ce fardeau, le portant au moyen d’une corde encerclant ses tempes.


Jared Diamond ; Le troisième chimpanzé ; Folio essai ; p 343-344

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Agriculture et santé; Diamond

Outre la malnutrition, les famines et les maladies épidémiques, l’agriculture a eu également une autre conséquence négative : la stratification sociale. Les chasseurs-cueilleurs ne possèdent que peu, voire pas du tout, de réserves de nourriture, et leurs sources alimentaires en se présentent jamais de façon concentrée, comme peuvent l’être les vergers ou les troupeaux de bovins. Ils subsistent grâce aux plantes et aux animaux sauvages qu’ils cueillent ou chassent quotidiennement. Tout le monde, sauf les tout-petits, les malades et les vieux, participent à la recherche de nourriture. Par la suite, il n’y a chez eux pas de rois, pas de personnes spécialisées à plein temps dans un métier particulier, pas de classe de parasite sociaux profitant des moyens de subsistance prélevés par les autres.

C’est seulement dans les populations d’agriculteurs qu’a pu se développer une scission entre la masse victime de maladies et une élite non productive jouissant de la santé. Les squelettes trouvés dans les tombes de Mycènes (en Grèce) datant de 1500 ACN laissent penser que les membres de la famille royale bénéficiaient d’un meilleur régime alimentaire que les hommes du commun, car les squelettes des premiers étaient de 5 à 7.5 cm plus grands que ceux des seconds et possédaient de meilleures dents (en moyenne par individu, une affection – carie ou dent manquante – chez les premiers contre six chez les seconds). Dans les cimetières chiliens, datant de l’an 1000, les momies appartenant à l’élite sociale se distinguent non seulement par leur ornements et leurs barettes en or, mais aussi par une fréquence quatre fois inférieure de lésions osseuses provenant des maladies infectieuses.

Ces différences de conditions de santé repérables au niveau local dans les sociétés agricoles du passé s’observent actuellement au niveau mondial. Aux yeux de la plupart des lecteurs américains ou européens, la thèse selon laquelle les chasseurs-cueilleurs ont sans doute mené une vie plus enviable que la nôtre aujourd’hui peut passer pour un boniment, parce que la plupart des hommes vivant dans les sociétés industrielles de nos jours jouissent d’une meilleure santé que celle de la plupart des chasseurs-ceuilleurs. Ce serait oublier que les américains et les européens représentent une élite dans le monde d’aujourd’hui, dont l’existence est assurée grâce à l’importation de pétrole et d’autres matériaux provenant d’autres pays où de vastes populations de paysans connaissent des conditions de santé beaucoup plus précaires. À choisir entre la vie d’un américain de la classe moyenne, celle d’un chasseur-cueilleur bochiman ou bien encore d’un paysan agriculteur d’Ethiopie, qui, enclin à donner la priorité aux conditions de santé, opterait pour le troisième choix, puisqu’il correspond aux conditions de santé les moins bonnes ?


Jared Diamond ; Le troisième chimpanzé ; Folio essai ; p 341-343

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Influence du croissant fertile sur l'Europe et plus spécifiquement sur la Scandinavie; Effondrement ; Jared Diamond

L’explosion viking qui se produisit dans l’Europe médiévale après 793 après J.-C., de l’Irlande et de la Baltique jusqu’à la Méditerranée et Constantinople. Il faut se rappeler que les bases de la civilisation médiévale européenne furent posées au cours de 10000 ans précédents, à l’intérieur ou à proximité du croissant fertile qui s’étend au sud-ouest de l’Asie, limité au nord par la Jordanie, au sud-est par la Turquie et à l’est par l’Iran. C’est dans cette région que furent implantées les premières cultures et les premiers animaux domestiques, que furent fabriqués les premiers moyens de transport sur roues, que l’on apprit à travailler le cuivre puis le bronze et le fer, et que s’élevèrent les premières bourgades et les premières villes, les premières chefferies et les premiers royaumes, et que naquirent les religions institutionnalisées. Tous ces éléments s’étendirent progressivement à l’Europe entière pour la transformer du sud-ouest au nord-ouest. Pour commencer, l’agriculture fut importée d’Anatolie en Grèce environ en l’an 7000 avant J.-C.. La Scandinavie, qui était la région d’Europe la plus éloignée du Croissant fertile, fut la dernière à être ainsi transformée, ne découvrant l’agriculture que vers 2500 avant J.-C. C’était également la région la plus éloignée de l’influence de la civilisation romaine : contrairement aux régions de l’Allemagne moderne, les Romains ne l’atteignirent jamais, pas plus qu’elle ne partagea de frontières avec l’Empire romain. C’est pourquoi, jusqu’au Moyen Âge, la Scandinavie fut considérée comme une région arriérée par les Européens. Pg283 Effondrement ; comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ; Jared Diamond ; collection Folio essais ; Gallimard ; 2006  ]]>

Rapprochement des figures mythologiques de Šukaletuda et Išullânu; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

Commentaire sur l’allusion au mythe d’Inanna et Šukaletuda dans l’Epopée de Gilgameš (cfr lien ).

Šukaletuda et Išullânu exercent non seulement la même profession et s’occupent particulièrement de palmiers, mais nous savons par un antique « dictionnaire » suméro-akkadien que Šullânu, variante transparente d’ Išullânu, était tenu pour l’équivalent en akkadien de Šukaletuda. D’autre part, le canevas est le même : pour une affaire d’amour (amour physique), Išullânu est puni par Ištar (ndlr:Inanna en akkadien), et nous comprenons mieux comment : il est changé semble-t-il, en un petit animal de jardin, dont le nom (Dallâlu) ne nous dit pas grand chose, alors que šullânu, plus éloquent (il signifie « verruqueux »), ferait penser à un crapaud…….. Seulement, ici, la situation est inversée ; il n’est plus question de viol de la déesse par le jardinier, mais, pour ainsi parler, d’une tentative de viol du jardinier par la déesse : c’est pour son refus de coucher avec elle qu’Ištar punit Išullânu. …….. Ne comprenant pas, dans sa candeur, ou plutôt ne voulant pas comprendre, dans son honnêteté ou sa prudence, ce qu’Ištar lui dit attendre de lui, Išullânu joue sur les différences de sens du même vocable (elle lui propose de « jouir », ce qui se dit en akkadien du même verbe akalû, qui signifie « manger » ; et il refuse donc le « repas »qu’elle lui offre, assurant l’avoir déjà pris chez lui(, ou sur les assonances (elle lui présente son sexe à « toucher » -en akkadien:lapâtu-, euphémisme transparent, et il répond en recourant au verbe de même armature phonétique elpetu, qui signifie « jonc », pour rétorquer que, s’il défère aux désirs de sa provocatrice, non seulement il fera l’objet d’humiliations et de reproches, mais, rejetés de tous, il ne lui restera plus, pour s’abriter du froid, que le « joncs », tout à fait inefficace, d’une misérable cabane hors de la ville.

Commentaires sur les amours d’ Ištar/Inanna pg274

Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.

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Conseil d'un père à son fils; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

Šukaletuda, en effet, a pris soin de décamper chaque fois chez son père, évidemment Enki, à Eridu, lequel lui a conseillé -stratagème bien digne de l’astuce de son auteur- de se perdre dans le grouillement de la foule urbaine.

Commentaires sur Inanna et Šukaletuda pg 267

Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.]]>

L'arbre, le jardin; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

L’auteur nous met aussitôt en présence d’Enki, lequel, évidemment pour préparer le cadre du drame, est représenté en devoir de créer l’arbre autour duquel s’organisera ce théatre : le Jardin. Cet arbre, le plus fameux, admiré et vanté dans le pays : le palmier, sera le produit d’une semence naturelle : le propre fard d’Enki, et l’opération « magique » de sa mise en terre s’accomplira, à l’ordre du dieu, des mains du personnage fabuleux, que l’on retrouve ailleurs dans le folklore du cru : le corbeau, lequel, en l’occurrence, se comporte tout à fait comme un homme, et sera même, très vraisemblablement, transformé par Enki en jardinier de se verger prototypique, sous le nom sumérien, dont le sens s’échappe, de Šukaletuda.

Ce jardinier a des ennuis : une tempête a réduit à néant tout son travail. Mais, après avoir réfléchi et pris en compte un certain nombre de données surnaturelles, il trouve le moyen de résoudre son problème : par recours à des pouvoirs corrélatifs aux destinées et à la nature des choses ; et, contre tous les ouragans à venir, il plante une rangée de peuplier s protecteurs, qui auront l’avantage supplémentaire de fournir constamment un ombrage agréable.

Commentaires sur Inanna et Šukaletuda pg 266-267

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Toutes les têtes-noires ne s'abreuvaient plus que de sang; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

Or un jour, Šukaletuda,

-car tel était le nom du jardinier-

fondit en larmes et blêmit de chagrin :

il avait bien arrosé les plates-bandes,

Et, jouxtes les carrés, préparé des trous-d’eau :

Mais rien n’avait poussé. Pourquoi ?

Un vent violent avait tout arraché, déraciné !

Que n’avait-il méfait, ce vent tempétueux !

A la face de Šukaletuda,

il avait lancé la poussière du sol,

jusqu’à lui enflammer les yeux,

et Šukaletuda avait du déblayer sans relâche !

Élevant alors les regards,

il considéra les étoiles de l’occident ;

Il prit garde aux esprits qui rôdent, isolés ;

Étudia les signes des démons

qui vagabondent, solitaire ;

apprit comment appliquer les pouvoirs,

En méditant sur les destins assignés par les dieux.

Puis à cinq, dix emplacements inutilisables du jardin,

Il planta une rangée d’arbre ombreux :

des peupliers à la frondaison épaisse,

Desquels, l’ombrage, matin,

midi et soir, ne ferait jamais défaut !

Un beau jour, Madame, après avoir traversé le ciel

et traversé la terre,

Après avoir franchi l’Élam et le Subir,

et longé les passes sinueuses des montagnes,

la Hiérodule, fourbue, arriva au jardin,

Et s’y allongea pour se reposer !

Šukaletuda, cependant, de l’extrémité du jardin, l’épiait !

Devant son sexe, en manière de Pagne, Inanna

s’était attaché les sept-Pouvoirs :

elle avait disposé les sept-Pouvoirs

en guise de cache-sexe.

Ama.ušumgalanna, le pasteur…..

Son auguste sexe que ……

Puis elle s’endormit !

Mais Šukaletuda détacha ce pagne protecteur,

la baisa et la pénétra,

puis il s’en retourna à l’extrémité du jardin !

Le soleil se leva, l’aube parut.

La Femme, alors, s’examina de près-

Inanna s’examina de près,

et comprit qu’on l’avait offensée !

Quelle catastrophe ne provoqua-t-elle pas,

à cause de son sexe outragé!-

Que ne pénétra-t-elle, la sainte Inanna,

à cause de son sexe outragé !

Elle remplit de sang tous les puits (du pays),

Elle amena le sang

dans tous les réservoirs des jardins !

Un serviteur allait-il quérir du bois :

C’est du sang qu’il buvait !

Une servante allait-elle faire le plein d’eau :

C’est du sang qu’elle rapportait !

Toutes les têtes-noires ne s’abreuvaient plus que de sang !

Et elle : « j’entends retrouver mon agresseur,

où qu’il soit! »

Et pourtant, où qu’il fut,

elle ne débusqua point son offenseur !

Que n’a-t-on débité là-dessus !

Que n’a-t-on raconté encore !

Car le jeune homme s’en était allé chez son père :

« Mon père, j’avais bien arrosé les plates-bandes,

Et, jouxtes les carrés, préparé des trous-d’eau :

Mais rien n’avait poussé. Pourquoi ?

Un vent violent avait tout arraché, déraciné !

Que n’avait-il méfait, ce vent tempétueux !

……

Inanna et Šukaletuda v.91-145.

Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.]]>