Les sociétés après l’effondrement, Tainter

Les écrivains et les producteurs de films à succès ont développé une image cohérente de ce que pourrait être la vie après l’effondrement de la société industrielle. Avec quelques variations, le tableau qui émerge est celui d’une guerre hobbésienne de tous contre tous, à l’image de la situation que connaissent les Iks, étendue à la planète. Seuls les forts survivent ; les faibles sont persécutés, volés et tués. Il y a une lutte pour la nourriture et le combustible. Quelle que soit l’autorité centrale qui subsiste, celle-ci manque de ressources pour réimposer l’ordre. Des bandes de survivants estropiés et impitoyables récupèrent ce qu’ils peuvent dans les ruines de la grandeur déchue. L’herbe poussent dans les rues. Il n’y a pas d’objectifs plus élevé que de survivre. Quiconque a lu des livres-catastrophe modernes, ou vu leurs adaptations à l’écran, reconnaîtra ce script. Il a largement contribué aux appréhensions actuelles de l’effondrement.

Un tel scénario, bien que manifestement dramatisé à l’excès, contient de nombreux éléments qui se vérifient dans les effondrements passés. Prenez en considération par exemple, le récit que fait Casson sur le retrait de la puissance romaine de Grande-Bretagne :

De 100 à 400 apr. J.-C., l’ensemble de la Grande-Bretagne, à l’exception de sa partie septentrionale, était une campagne plaisante et paisible comme elle l’est aujourd’hui […] Mais, à partir de l’an 500, tout avait disparu et les pays était retourné à une condition qu’il n’avait probablement jamais connu auparavant. Il n’y avait plus de trace de sécurité publique, aucune grande demeure, des municipalités déclinantes, toutes les villas et la plupart des villes romaines avaient été incendiées, abandonnées, pillées et laissées à l’habitation des fantômes (1, p.164)

Casson n’exerçait pas une licence poétique, car il avait été témoin de la décomposition de l’ordre à Istanbul après la la désintégration de l’autorité turque en 1918 :

[…] les troupes alliées […] ont découvert une ville qui était morte. Le gouvernement turc avait tout simplement cessé de fonctionner. La fourniture d’électricité était défaillante et intermittente. Les trams abandonnés, qui n’étaient plus en état de fonctionner, jonchaient les rues. Il n’y avait aucun service de tramways, aucun nettoyage des rues et les forces de police devenues essentiellement des bandits, vivaient du chantage exercé sur les citoyens en lieu et place d’un salaire. Des cadavres gisaient au coin des rues et, au bord des chemins, il y avait des chevaux morts partout, et aucune organisation pour les enlever. Le tout-à-l’égout ne fonctionnait pas et l’eau n’était pas potable. Tout cela était le résultats de seulement trois semaines d’abandon de leurs obligations par les autorités civiles (1, p. 217-218)

Basées sur les aperçus livrés dans les pages précédentes et l’excellent résumé de Colin Renfrew (2, pp. 482-485), les caractéristiques des sociétés après leur effondrement pourraient se résumer comme suit :

Avant tout, il y a un arrêt complet de l’autorité et du contrôle central. Avant l’effondrement, des révoltes et des mouvements séparatistes dans les provinces signalent l’affaiblissement du centre politique. Souvent, les revenus du gouvernement baissent. Les prétendants étrangers prospèrent de plus en plus. Avec des revenus plus faibles, l’armée devient inefficace. La population est de plus en plus mécontente au fur et à mesure que la hiérarchie cherche à mobiliser les ressources pour relever le défi.

Avec la désintégration, la direction centrale n’est plus possible. L’ancien centre politique subit une perte importante de domination et de pouvoir. Souvent mis à sac, il peut finalement être abandonné. De petits États insignifiants, dont peut faire partie l’ancienne capitale, apparaissent sur le territoire qui était autrefois unifié. Assez souvent, ils s’affrontent pour la domination, si bien que s’ensuit une période de conflit incessants.

La protection de la loi érigée au-dessus de la population est éliminée. L’anarchie peut prévaloir pendant un temps, comme dans la première période intermédiaire égyptienne, mais l’ordre sera finalement restauré. La construction de monuments et l’art, soutenus par les fonds publics, cessent d’exister. L’analphabétisme peut revenir entièrement et, si ce n’est pas le cas, il progresse de façon si radicale qu’une période sombre survient.

Les populations qui demeurent dans les centres urbains ou politiques réutilisent l’architecture d’une façon caractéristique. Il y a peu de construction nouvelles, et celles qui sont expérimentées se concentrent sur l’adaptation d’immeubles existants. Les grandes pièces seront subdivisées, des façades peu solides seront construites et l’espace public sera converti en espace privé. Tandis que des tentatives peuvent être faites de maintenir une version atténuée du cérémonialisme antérieur, on laisse les anciens monuments tomber en décrépitude. Il est possible que les gens habitent dans les pièces des étages plus élevés au fur et à mesure que ceux du bas se détériorent. Les monuments sont souvent dépouillés et servent de sources pratiques pour les matériaux de construction. Lorsqu’un bâtiment commence à s’effondrer, les habitants se contentent de déménager dans un autre.

Les palais et les infrastructures centrales d’entreposage peuvent être abandonnés en même temps que le redistribution centralisée de marchandises et de denrées alimentaires ou les échanges marchands. Les échanges de longue distance et le commerce locale peuvent être sensiblement réduits et la spécialisation artisanale prend fin ou décline. Les besoins matériels et de subsistance en viennent à être pourvus sur la base de l’autosuffisance locale. Le déclin de l’interaction régionale conduit à la création de styles locaux pour des articles, comme la poterie, qui connaissaient auparavant une large diffusion. La technologie, aussi bien mobile que fixe (par ex, les systèmes de génie hydrauliques), retrouve des formes plus simples qui peuvent être développées et entretenues au niveau local, sans l’assistance d’une bureaucratie qui n’existe plus.

1 : Casson Stanley, 1937. Progress and Catastrophe : an Anatomy of Human Adventure. Harper and brothers, New York and London.

2 : Renfrew Colin, System Collapse as Social transfrmation. Catastrophe an anastrophe in early states societies. In Transformations : Mathematical approaches to Culture Change, edited by Colin Renfrew & Kenneth L. Cooke, pp. 481-506. Academie Press, New York

L’effondrement des sociétés complexes ; Joseph A. Tainter ; édition française, Le retour aux sources, 2013, pp. 22-24

La troisième extinction… ; Harrari

La première vague d’extinction, qui accompagna l’essor des fourrageurs et fut suivie par la deuxième, qui accompagna l’essor des cultivateurs, nous offre une perspective intéressante sur la troisième vague que provoque aujourd’hui l’activité industrielle. Ne croyez pas les écolos qui prétendent que nos ancêtres vivaient en harmonie avec la nature. Bien avant la révolution industrielle, Homo sapiens dépassait tous les autres organismes pour avoir poussé le plus d’espèces animales et végétales à l’extinction. Nous avons le privilège douteux d’être l’espèce la plus meurtrière des annales de la biologie.

Si plus de gens avaient conscience des deux premières vagues d’extinction, peut-être seraient-ils moins nonchalants face à la troisième extinction, dont ils sont partie prenante. Si nous savions combien d’espèces nous avons déjà éradiquées, peut-être serions-nous davantage motivés pour protéger celles qui survivent encore. Cela vaut plus particulièrement pour les gros animaux des océans. À la différence de leurs homologues terrestres, les gros animaux marins ont relativement peu souffert des révolutions cognitive et agricole. Mais nombre d’entre eux sont au seuil d’extinction du fait de la révolution industrielle et de la surexploitation humaine des ressources océaniques. Si les choses continuent au rythme actuel, il est probable que les baleines, les requins, le thon et le dauphin suivent prématurément dans l’oubli les diprotodons, les paresseux terrestres et les mammouths. Parmi les plus grandes créatures du monde, les seuls survivants du déluge humain sont les hommes eux-mêmes et les animaux de ferme réduits à l’état de galériens dans l’Arche de Noé.

Sapiens, une brève histoire de l’humanité ; Yuval Noah Harrari ; Albin Michel

Pg 96-97

1ère Extinction par Sapiens ; Harrari

Au moment de la révolution cognitive, la planète hébergeait autour de 200 genres de gros mammifères terrestres de plus de 50 kg. Au moment de la révolution agricole, une centaine seulement demeurait. Homo sapiens provoqua l’extinction de près de la moitié des grands animaux de la planète, bien avant que l’homme n’invente la roue, l’écriture ou les outils de fer.

Sapiens, une brève histoire de l’humanité ; Yuval Noah Harrari ; Albin Michel

Pg 95

L’extinction actuelle banale ?; Diamond

Peut-on arguer à cela que l’extinction est un processus naturel et inéluctable ? Mais le rythme des extinctions provoquées par l’homme est bien plus élevé que le rythme naturel. Si l’on admet que la moitié des trente millions d’espèces vivant actuellement seront éteintes au siècle prochain, cela signifie que les espèces s’éteignent de nos jours au rythme d’environ 150 000 par an, soit 17 par heure. Les espèces d’oiseaux du monde entier – 9000 au total – connaissent aujourd’hui un rythme d’extinction d’au moins deux espèces par an. Mais, dans les conditions naturelles, ce rythme était de moins d’une espèce par siècle. En conséquence, le rythme actuel des extinctions d’oiseaux est d’au moins 200 fois plus élevé que la normale. Déclarer que la vague d’extinction actuelle est banale, en disant qu’il s’agit là d’un phénomène naturel, revient à déclarer que les génocides sont des phénomènes banals, puisque la mort est le destin naturel de tout les êtres humains.

Jared Diamond ; Le troisième chimpanzé ; Folio essai ; 1992; p 632

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La caractéristique de notre espèce; Diamond

En peut-être moins d’un millier d’années après qu’ils eurent trouvé un passage pour franchir la couverture glaciaire qui recouvrait la frontière actuelle entre les États-Unis et le Canada, les Amérindiens sont descendus jusqu’à la pointe de la Patagonie et se sont installés sur les deux continents nord et sud de l’Amérique, deux régions inexplorées et fertiles. Cette marche des Amérindiens vers le sud a représenté la plus grande phase d’expansion géographique qui se soit produite dans l’histoire le Homo Sapiens. Rien ne pourra jamais arriver désormais sur notre planète qui ressemble même de loin à cet événement.

Mais cette marche en direction du sud a été marquée par un drame. Lorsque les chasseurs Amérindiens arrivèrent en Amérique, les deux continents fourmillaient de grands mammifères qui sont à présent éteints : il y avait de mammouths, des mastodontes, ressemblant aux éléphants, des paresseux terrestres, pesant jusqu’à trois tonnes, des glyptodontes, ressemblant à des tatous, et pesant jusqu’à une tonne, des castors de la taille d’un ours, des tigres à dents de sabre et des lions, des guépards, des chameaux, des chevaux, particuliers à l’Amérique, et bien d’autres encore. Si ces animaux avaient survécu, les touristes d’aujourd’hui pourraient voir, dans le parc national du Yellowstone, des mammouths et des lions, en plus des ours et des bisons. La question de savoir ce qui s’est passé, au moment de la rencontre des chasseurs indiens et de cette faune, reste vivement débattue chez les archéologues et les paléontologistes. Selon l’interprétation qui, à mes yeux, est la plus vraisemblable, les chasseurs humains ont livré une «guerre éclair» aux grands mammifères, qu’ils ont rapidement exterminés, peut-être en une dizaine d’années, dans chacun de leur territoires de chasse successifs. Si cette façon de voir est exacte, il se serait donc produit, il y a 11 000 ans en Amérique, l’extinction la plus massive depuis la chute de l’astéroïde qui a éliminé les dinosaures il y a 65 millions d’années. Cet épisode représenterait également la première de la série de guerres éclair exterminatrices d’espèces animales qui entachent notre supposé âge d’or, et qui nous caractérisent de façon distincte en tant qu’espèce depuis lors.

Jared Diamond ; Le troisième chimpanzé ; Folio essai ; 1992; p 592-594

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Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois

«J’ai rencontré un voyageur venu d’une terre antique

qui disait : -Deux jambes de pierre, vastes et sans tronc,

se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable,

enfoui, gît un visage brisé, dont le sourcil qui se fronce

Et la lèvre plissée, et le ricanement de froide autorité

disent que le sculpteur sut bien lire ces passions

qui survivent encore, imprimées sur ces choses sans vie,

à la main qui les imita, au cœur qui les nourrit.

Et sur le piédestal apparaissent ces mots :

-Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois ;

contemplez mes œuvres, ô puissants, et désespérez-

Rien de plus ne reste, autour de la ruine

De ce colossal débris, sans bornes et nus

Les sables solitaires et unis s’étendent au loin.

Les débris de la statue d’Ozymandias à Thèbes (Monarque assimilé parfois à Ramses II ou Sesostris) portent l’inscription qui inspira Percy Bysshe Shelley : «Je suis Ozymandias, roi des rois. Si vous voulez savoir combien je suis grand et où je repose, surpassez mes œuvres.»(N.d.T)

«Ozymandias», in Les romantiques anglais, traduction de Pierre Messiaen, Paris, Desclée de Brouwer, 1995, p 707-708.

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Impact des génocides sur l'opinion publique; Diamond

La réécriture de l’histoire, dans le cas d’un génocide touche à l’impact psychologique des massacres chez les exécuteurs, les victimes et les tierces parties. Au premier abord, on pourrait penser que les réaction du public devraient être des plus tranchées à l’annonce de massacres collectifs, délibérés et sauvages suscitant un sentiment d’horreur. En réalité, il est rare que l’attention du public soit attirée par des génocides survenant dans d’autres pays ; et il est encore plus rare que soit mis fin à ces derniers par une intervention étrangère. Qui d’entre nous a fait vraiment attention au massacre des Arabes à Zanzibar en 1964 ou à celui des Indiens Aché au Paraguay dans les années 1970 ?

Les rares génocides perpétrés au XXe siècle qui mobilisent encore la mémoire, notamment l’extermination des juifs par les nazis et le massacre des Arméniens par les Turcs, ont pour particularité que les victimes étaient des Blancs, auxquels nous nous identifions ; les responsables du génocide étaient nos ennemis dans le contexte d’une guerre, et nous étions donc officiellement encouragés à les haïr (en particulier les nazis) ; les survivants ayant échappé à ces génocides sont en mesure de s’exprimer publiquement et consacrent beaucoup d’efforts pour nous obliger à nous souvenir. On voit donc qu’il faut une constellation assez particulière de circonstances pour amener les tierces parties à préter attention à des cas de génocides.

Une étrange passivité des tierces parties se mesure notamment par l’attitude des gouvernements, qui reflètent la psychologie collective des populations. S’il est vrai que l’ONU a adopté en 1948 une convention sur le génocide, au nom de laquelle ce dernier est reconnu comme un crime, cette organisation internationale n’a jamais pris de sérieuses mesures pour prévenir, arrêter ou punir ce genre de massacres collectifs, en dépit de plaintes déposées à sa tribune durant leur exécution même au Bangladesh, au Burundi, au Paraguay et en Ouganda. Dans le cas de ce dernier pays, le secrétaire général des Nations-Unies a répondu à une plainte portée contre le régime de Idi Amin Dada, lorsque celui-ci faisant régner la terreur à son maximum, en demandant au dictateur lui-même de faire une enquête. Les États-Unis ne figurent même pas parmi les nations qui ont ratifié la convention sur le génocide de l’ONU.

Comment expliquer notre étonnante absence de réaction face aux génocides ? De nombreux génocides des années 1960 à 1970 ont été publiquement dévoilés dans le détail, comme cela a été le cas de ceux perpétrés au Bangladesh, au Brésil, au Burundi, au Cambodge, au Timor-Oriental, en Guinée équatoriale, en Indonésie, au Liban, au Paraguay, au Rwanda, au Soudan, en Ouganda et à Zanzibar. (le nombre des victimes a dépassé le million aussi bien au Bangladesh qu’au Cambodge). Par exemple, en 1968, le gouvernement brésilien a poursuivi en justice 34 des 700 employés de son service de protection des indiens, parce qu’ils avaient participé à l’extermination des tribus d’Indiens d’Amazonie. Parmi les faits reprochés aux accusés, énumérés dans un rapport de 5115 pages (appelé le «rapport Figueiredo», du nom du procureur général du Brésil) et dévoilés dans une conférence de presse du ministère de l’intérieur du Brésil, on trouvait : massacres d’Indiens au moyen de dynamite, de mitrailleuses, de sucre imprégnés d’arsenic, de maladies intentionnellement introduites, telle la variole, la grippe, la tuberculose et la rougeole, enlèvements d’enfants Indiens pour en faire des esclaves et engagement de tueurs professionnels d’Indiens par les entreprises se vouant à l’exploitation des terres amazoniennes. Le rapport Figueiredo a fait l’objet de compte-rendus dans la presse internationale, mais il n’a jamais suscité beaucoup de réactions.

Jared Diamond ; Le troisième chimpanzé ; Folio essai ; 1992; p 531-533

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Indiens et politique Américaine ; Diamond

Il n’est pas inutile de rappeler quelques points de vue défendus par des hommes politiques américains :

George Washington (1732-1799), premier président des États-Unis:«L’objectif immédiat est la destruction totale de leurs villages et de leurs terres. Il faudra absolument réduire à néant leur futures récoltes et les empêcher d’en préparer d’autres.»

Benjamin Franklin (1706-17770) : «S’il entre bien dans les desseins de la Providence que ces sauvages soient balayés afin de laisser place aux cultivateurs de la terre, il ne semble pas improbable que le moyen pour y parvenir soit les boissons alcoolisées.»

Thomas Jefferson (1746-1826), troisième président des États-Unis : «Cette malheureuse race, que nous avons eu tant de mal à sauver et à civiliser, s’est, de façon inatendue, rebellée et livrée à des actes barbares. Ce faisant, elle a justifié son extermination et attend à présent que nous décidions de son destin.»

James Monroe (1758-1831), cinquième président des États-Unis:«La vie à l’état sauvage demande de pratiquer la chasse sur un territoire bien plus grand qu’il n’est compatible avec le progrès et les justes prétentions de la vie civilisée […..] elle doit donc s’effacer devant celle-ci.»

John Quincy Adams (1767-1848), sixième président des États-Unis:«Quel droit un chasseur a-t-il sur une forêt de mille kilomètres de long, dans laquelle il s’est aventuré par hasard pour y rechercher des proies?»

Andrew Jackson (1767-1845), septième président des États-Unis:«Ils n’ont ni l’intelligence, ni l’assiduité au travail, ni le comportement moral, ni le désir de s’améliorer, toutes choses qui seraient essentielles pour que leur condition évolue dans un sens favorable. Contemporains d’une autre race qui leur est supérieure, incapables de se rendre compte d’où vient leur infériorité et de chercher à y remédier, ils doivent donc nécessairement de plier à la force des circonstances et disparaître rapidement.»

John Marshall (1755-1835), président de la cour suprême des États-Unis:«Les Idiens qui habitaient ce pays étaient des sauvages, essentiellement occupés à se faire la guerre, et tirant leur subsistance de la forêt [….] La loi qui régit, et doit obligatoirement régir en général, les rapports entre le vainqueur et le vaincu ne pouvait pas s’appliquer à ce peuple dans ces circonstances. La découverte de l’Amérique par les Européens a donné à ces derniers le droit exclusif de mettre fin, par le biais d’achat de terres ou de conquête, au titre d’occupants qu’avaient les Indiens.»

William Henry Harrison (1773-1841), neuvième président des États-Unis:«Est-ce que l’une des plus belles partie du globe doit rester dans l’état de nature, une terre hantée par quelques fieffés sauvages, alors qu’elle semble être destinée par le Créateur à entretenir une vaste population, et à devenir le siège de la civilisation.»

Théodore Roosevelt (1858-1919), 26ème président des États-Unis:«Le colon et le pionnier avaient fondamentalement la justice de leur côté ; ce grand continent ne pouvait pas rester simplement à l’état de réserve de chasse pour d’ignobles sauvages.»

Général Philip Sheridan (1831-1888):«Les seules bons Indiens que j’aie jamais vu étaient des Indiens morts.»

Jared Diamond ; Le troisième chimpanzé ; Folio essai ; 1992; note de bas de page p 527-529

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Signal d'alarme de scientifiques, La terre est notre seul foyer!

Evolution des émissions de CO2[/caption] © Carbon Global Project Pour Corinne Le Quéré, de l’université britannique d’East Anglia, selon des propos rapportés par l’AFP : « c’est une grande déception. Avec 41 millards de tonnes de CO2 émis estimés pour 2017 [si l’on ajoute la déforestation, NDLR], on risque de manquer de temps pour garder la température sous 2 °C, et a fortiori 1,5 °C ». D’ailleurs, l’objectif très enthousiaste de limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C lors des accords de Paris en 2015 semble de plus en plus hors d’atteinte. Cet été, des chercheurs annonçaient même qu’il n’y aurait que 5 % de chances de le limiter à 2 °C. Le changement climatique provoqué par une hausse des émissions de gaz à effet de serre n’est qu’un des périls qui assombrit l’avenir de l’humanité et bien sûr avec elle, de la vie sur Terre. Affectés désormais par les perturbations créées par le réchauffement global dont nous sommes responsables, les écosystèmes sont aussi violemment impactés par leur destruction frontale par l’Homme depuis plusieurs siècles : déforestation, braconnage, exploitation minière, artificialisation des sols, agriculture intensive et usages massifs de pesticides… Sans oublier les océans et la vie marine. Tous les voyants passent au rouge. « Nous avons déclenché un phénomène d’extinction de masse, le sixième en 540 millions d’années environ, au terme duquel de nombreuses formes de vie pourraient disparaître totalement », déplorent les 15.000 signataires. Un grand nombre de vertébrés et invertébrés, terrestres et marins, sont en danger d’extinction. Nous avons appris il y a quelques semaines que la population d’insectes volants s’est effondrée de 75 % en 30 ans en Allemagne. Un chiffre que l’on peut élargir à l’Europe où les conditions sont similaires sur de nombreux territoires. Leur perte est non seulement dommageable pour la pollinisation mais aussi pour l’ensemble de la chaîne alimentaire, avec les conséquences que l’on peut craindre. Interrogé par Le Monde, le biologiste Gilles Bœuf, ancien président du Muséum national d’histoire naturelle, rappelle une évidence : « La biodiversité, nous en faisons partie : la nature, c’est nous. Nous ne sommes pas à côté d’elle. Dès que l’on admet cela, on comprend que détruire les écosystèmes revient à s’auto-agresser, qu’opposer la protection de la nature d’un côté à la création d’emplois et au court terme économique de l’autre est d’une totale stupidité ».   Pas plus tard qu’il y a huit jours, le célèbre physicien Stephen Hawking déclarait lors d’une conférence que si nous ne faisons rien, la Terre serait inhabitable dans un avenir proche, en proie à une surpopulation, des terres devenues incultivables et un épuisement croissant des ressources naturelles. Il exhortait l’humanité à préparer l’exploration interstellaire. Depuis la signature du premier appel en 1992, la population mondiale a augmenté de 35 % (nous sommes à présent 7,6 milliards, selon les derniers chiffres des Nations Unies de juin 2017), ce qui n’est pas sans incidences sur les ressources comme l’eau douce. En effet, « le volume d’eau douce disponible par habitant a chuté de moitié » depuis les années 1960. Tout est une question de gestion des ressources. Dans Le Monde, le démographe Hervé Le Bras rappelle que « si l’ensemble de l’humanité mangeait comme les Français, les ressources de la planète permettraient de nourrir seulement 4 milliards d’humains. A contrario, avec le régime du Bangladesh, ce serait 12 milliards ». Enfin, la pression démographique s’exerce sur les milieux naturels, les fragmentant de plus en plus jusqu’à les réduire à peau de chagrin. On le voit en Amazonie ou en Indonésie, exemples les plus connus où les grandes forêts, foyers des plus riches biodiversités de la planète, sont mises en pièce — idem dans les milieux marins avec la destruction notamment des coraux en raison du réchauffement des eaux et de leur acidification — pour des monocultures (huile de palme, soja pour les animaux…), mais c’est aussi le cas dans nos campagnes où la nature laisse la place au béton (environ 236 hectares de perdus par jour en France). « Nous mettons en péril notre avenir en refusant de modérer notre consommation matérielle intense mais géographiquement et démographiquement inégale, et de prendre conscience que la croissance démographique rapide et continue est l’un des principaux facteurs des menaces environnementales et même sociétales. » Il sera bientôt trop tard ! Pour les chercheurs, nos seules chances de salut passent par un sursaut collectif et aussi individuel : « grâce à un raz-de-marée d’initiatives organisées à la base, il est possible de vaincre n’importe quelle opposition, aussi acharnée soit-elle, et d’obliger les dirigeants politiques à agir », écrivent-ils. Et cela passe aussi par nos comportements individuels « en limitant notre propre reproduction […] et en diminuant drastiquement notre consommation par tête de combustibles fossiles, de viande et d’autres ressources ». « Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l’échec car le temps presse, conclut l’appel de 2017. Nous devons prendre conscience, aussi bien dans nos vies quotidiennes que dans nos institutions gouvernementales, que la Terre, avec toute la vie qu’elle recèle, est notre seul foyer. » Xavier Demeersman, Journaliste voir son article complet sur futura-sciences.com voir la version complète en anglais sur l’American Institute of Biological Sciences]]>