Trop tôt pour la paix des peuples ? ; Laborit

Chaque groupe humain devrait faire le recensement de ses « fermetures » raciales, religieuses, écologiques, économiques, énergétiques, culturelles, etc., pour en peser la « valeur » dans le cadre de l’évolution du monde moderne. Pour préciser aussi si son attachement à l’une de ces valeurs résulte d’une recherche de la dominance, ou d’un refus de la soumission. Pour préciser aussi, si les sacrifices consentis pour préserver ces valeurs ne sont pas hors de proportion avec ces valeurs elles-mêmes, valeurs qui ne sont au niveau d’organisation des sociétés que l’équivalent des automatismes, des préjugés, des conditionnement, pour les individus ; si beaucoup de ces valeurs de sont pas à mettre dans les vitrines des musées où elles recevront les hommages respectueux des foules et si d’autres valeurs permettant les ouvertures verticales et horizontales ne peuvent pas aujourd’hui leur être préférées. Malheureusement on peut se demander aussi si les lois mêmes de l’évolution n’exigent pas que chaque structure passe par ces étapes d’enkystement momentané avant de s’ouvrir plus largement sur le monde. Aurait-on pu passer directement des êtres unicellulaires à l’homme ? L’évolution n’a-t-elle pas été cette succession même d’échecs, d’erreurs et de succès relatifs ? Comment une structure pourrait-elle prendre conscience d’elle-même avant d’avoir existé ? Un projet mondialiste sans dominance était-il envisageable plus tôt dans l’histoire ? La paix romaine, comme la paix américaine ou la paix moscovite peuvent-elles représenter autre chose qu’une structure trop tôt fermée de dominance ? Peut-on espérer enfin faire presser le pas à l’évolution ?

La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard.

Pg300

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