Simulacre de naissance en guise de cérémonie d’adoption; Frazer; Le Rameau d'or.

Ce principe d’imitation, si cher aux enfants, a conduit certains peuples à faire d’un accouchement simulé une cérémonie d’adoption ; un tel simulacre servira aussi à faire ressusciter un faux mort. Si l’on feint de mettre au monde un garçon, voire un gros bonhomme barbu n’ayant pas une seule goutte de votre sang dans les veines, il est évident, suivant la philosophie et la loi primitives, que ce garçon ou ce gros bonhomme est bien véritablement votre fils à tous les égards. A ce propos Diodore nous raconte que Zeus, ayant décidé Héra, sa compagne jalouse, à adopter Hercule, la Déesse s’alité, pressa sur son sein le héros corpulent, le fit passer sous ses jupes, puis choir à terre mimant ainsi un réel accouchement ; l’historien ajoute que, de son vivant, les barbares en usaient ainsi, quand il s’agissait d’adopter un enfant. On raconte que de nos jours les choses se passent encore de même en Bulgarie et parmi les Turcs de Bosnie. Quand une femme désire prendre un fils adoptif, elle le fait passer sous ses jupes ; désormais il est considéré comme son propre fils et l’héritier de la propriété entière de ses parents adoptifs. Pg54 Frazer et le cycle du rameau d’or, Nicole Belmont et Michel Izard, Laboratoire d’anthropologie sociale; Collège de France.]]>

Grenade; Chevalier et Gheerbrant; Dictionnaire des symboles

Grenade

Le symbolisme de la grenade relève de celui, plus général, des fruits à nombreux pépins (cédrat, courge, orange). C’est tout d’abord un symbole de fécondité, de postérité nombreuse : dans la Grèce antique, elle est aussi attribut d’Héra et d’Aphrodite ; et, à Rome, la coiffure des mariées Continuer la lecture de « Grenade; Chevalier et Gheerbrant; Dictionnaire des symboles »

Création et mort de la Bête; Hymne 3, pour Apollon ; Hymnes Homériques ; Hésiode

Proche est une source aux belles eaux ;

c’est là que le prince,

le fils de Zeus, avec son arc puissant,

tua la Bête,

la grande , l’énorme monstre des champs,

qui avait fait

bien du mal aux hommes sur la terre,

bien du mal à eux d’abord,

bien du mal aux moutons qui ont les pattes fines.

Funeste fléau.

Elle avait nourri, l’ayant reçu

d’Héra (son trône est d’or),

Typhaôn le terrible, le cruel,

fléau de ceux qui meurent,

celui qu’Héra, en colère,

contre Zeus le père, avait enfanté,

quand le Kronide avait fait naître

Athéna la magnifique,

de sa tête. Héra le souveraine

se mit soudain en fureur

et devant les dieux assemblés

voici ce qu’elle dit :

« Écoutez-moi, vous tous, les dieux

et vous, toutes les déesses,

voyez comment m’a offensée

Zeus Maître-des-Nuages.

C’est lui qui a commencé. Moi, j’ai été

toujours une épouse parfaite.

Il a mis au monde sans moi

Athéna Yeux-de-chouette

qui se distingue au milieu

de tous les bienheureux immortels.

Mais au milieu de tous les dieux

il est né infirme,

mon fils Héphaïstos, il est bétourné,

lui que j’ai enfanté.

Je l’ai saisi de mes mains

je l’ai jeté dans la vaste mer.

Mais voici que la fille de Nérée

Thétis Pied-d’Argent,

l’a recueilli, a pris soin de lui

avec toutes ses sœurs.

Il y avait pourtant d’autres moyens

pour plaire aux dieux bienheureux.

Cruel, on ne sait pas ce que tu penses,

qu’es-tu en train d’inventer ?

Comment as-tu osé faire tout seul

Athéna Yeux-de-chouette ?

Je pouvais la faire, moi. Et on dit

que je suis ton épouse,

parmi ceux qui ne meurent pas,

ceux qui ont leur maison sur l’Olympe.

Prends garde : ce que je vais inventer

pourrait te faire mal.

Dès maintenant, moi, je vais m’arranger

pour que naisse

un fils à moi, qui se distingue parmi

tous les bienheureux immortels.

Je le ferai sans souiller ton lit,

qui est saint, ni le mien.

Non, je n’entrerai pas dans ton lit,

mais, séparée de toi,

je serai tout de même en compagnie

des dieux qui ne meurent pas. »

Voila ce qu’elle dit, et, en colère,

elle s’en alla loin des dieux.

En suite, elle lança le cri magique,

la reine Héra Yeux-de-vache ;

à main plate elle frappa

le sol et dit ces paroles :

« Écoutez-moi, Terre

et toi, Ciel, par-dessus,

et vous, dieux Titans,

vous qui habitez sous la terre

autour du vaste Tartare,

d’où viennent les hommes et les dieux ;

écoutez-moi, vous tous

et faites que j’aie un enfant

toute seule, sans Zeus,

qui ne soit pas moins fort que lui.

Qu’il soit à Zeus

ce que Zeus Tout-Voyant fut à Kronos. »

Ce disant de sa forte main

elle battit la terre.

La terre qui donne la vie en fut secouée. Ce que voyant

l’autre en eut grande joie en son cœur.

Elle croyait réussir.

Depuis ce moment-là

pendant une année tout entière

elle n’entra plus jamais

dans le lit de Zeus le subtil;

Elle ne s’assit plus jamais,

comme autrefois, sur la chaire

tout ornée de figures pour lui dire

ses profondes pensées.

Restant dans ses temples

où l’on ne cesse de prier,

elle prenait plaisir aux rites,

la souveraine Héra Yeux-de-vache.

Mais lorsque les mois

et les jours furent révolus,

lorsque l’année eut fait son tour

et que les saisons revinrent,

ce qu’elle enfanta ne ressemblait

ni au dieux ni aux mortels ;

c’était l’affreux Typhaôn,

malheur pour les mortels.

Elle le prit tout de suite,

la souveraine Héra Yeux-de-Vache,

et le donna, horreur, à une horreur

qui le reçut.

Il causait des maux sans nombre

aux fameuses tribus des hommes.

Pour la bête, qui la rencontrait

rencontrait le jour de sa mort,

jusqu’au moment où l’Archer,

le prince Apollon, lança la flèche

dure. Et saisie par les souffrances

qui la déchiraient,

la Bête se roula par terre

en haletant fortement.

Elle fit un cri prodigieux

(les mots ne le diraient pas).

Dans la forêt elle se tordit

sans cesse et en tout sens. Enfin

elle creva, crachant le sang.

Et Phoïbos Apollon la maudit :

« Pourris maintenant ici,

sur la terre qui nourrit les hommes.

Tu as fini d’être un malheur

sinistre pour les hommes

vivants. Eux, qui mangent les fruits

de la terre généreuse,

viendront ici pour le sacrifice

avec des victimes parfaites.

De la mort sans pitié personne

ne te sauvera,

ni Typhôeus, ni la Chimère

qu’il ne faut pas nommer. La terre

noire te fera pourrir ici

avec Hypérion rayonnant. »

Voila comment il la maudit.

Pour elle, l’obscur

voila ses yeux. La sainte force

du Soleil la fit pourrir

sur place. Et le lieu a nom Pythô

encore aujourd’hui. Le prince

est appelé Pythien, c’est son surnom,

car en ce lieu

la force vive du soleil

a fait pourrir le monstre.

V.300-374

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Rituel pour Dionysos; Hymne 1, pour Dionysos ; Hymnes Homériques ; Hésiode

Le père des hommes

et des dieux t’a enfanté

loin de tous le humains,

en cachette d’Héra aux bras blancs.

Il est une haute montagne,

Nysa, couverte de futaies,

loin de la Phénicie,

près des eaux de L’Egyptos.

Ils dresseront pour toi

des statues dans les temples.

Puisque domine le trois,

toues les trois années,

les hommes t’offriront

de parfaites hécatombes.

Le Kroniôn approuva

d’un signe de ses sourcils noirs.

Ses cheveux parfumés

flottèrent autour de la tête

immortelle du prince.

Il y eut un grand bruit dans l’Olympe.

Il parla, Zeus le sage,

et de la tête il approuva.

Protège-nous, enfant cousu1,

toi qui est fou des femmes. Nous autres,

chanteurs, nous te chantons pour commencer,

et pour finir. Il n’est pas possible si l’on t’oublie

de retrouver en soi le chant sacré.

Qu’avec toi soit la joie,

Dionysos, enfant cousu,

avec ta mère Sémélé

que l’on appelle aussi Thyonè.

1:Le mot grec « eïraphiôtès » garde tout son mystère. La traduction « enfant cousu »- une hypothèse parmi d’autres, peut-être une fantaisie éthymologique- fait allusion au fait que Zeus, pour sauver Dionysos, l’avait magiquement retiré du corps de sa mère Sémélè, morte pendant sa grossesse, et cousu dans sa propre cuisse. Dionysos est ainsi « celui qui est né deux fois », selon une épithète courante.

v.6-21

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Commentaires sur Typhon; Hésiode; Théogonie

On rencontre diverses formes du nom: Typhaôn, Typhôeus, Typhôn, Typheus, formes qui ont été latinisées puis francisée en Typhon et Typhée. C’est ce personnage-unique ou multiple?-que nous avons transformés en concept météorologique. on note que le Coran appelle « Toufan » ce que nous appelons « déluge ». Et l’on prétend que l’anglais « Typhoon », qui désigne une tempête exotique, a rencontré le chinois « dai feng », qui signifie « grand vent ». Quoi qu’il en soit, la puissance destructrice et confusionnelle du chaos s’exprime avec une particulière virulence à travers le personnage. Il reparaît dans l’hymne d’Apollon, où il est né d’Héra.

Commentaire de bas de page du V. 306

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