Moeurs des Scythes, Enquête, Hérodote

Moeurs des Scythes

« Les seuls Dieux qu’ils adorent sont Hestia en premier lieu, puis Zeus et la Terre dont il font l’épouse de Zeus ; viennent ensuite Apollon, l’Aphrodite céleste, Héraclès et Arès. Ces divinités sont adorées dans toute la Scythie, mais les Scythes Royaux sacrifient aussi à Poséidon. Hestia s’appelle chez eux Tabiti ; Zeus (d’un nom très juste à mon avis) : Papaios ; la terre : Api ; Apollon : Oitosyros ; l’Aphrodite Céleste : Argimpasa ; et Poséidon : Thagimasadas. Ils n’élèvent à leur dieux ni statues, ni autels, ni temples, sauf à Arès qui, lui, en a chez eux. »

Tabiti-Hestia est la déesse du foyer, son nom signifiant la brûlante » ; représentée parfois moitié femme, moitié serpent, ou flanquée de deux bêtes (chien et corbeau en particulier). Papaios-Zeus est un dieu du ciel ; Hérodote rapproche son nom du grec papos « aïeul », Zeus étant le Père, maître des dieux et des hommes. Le nom d’Api ou Apia, la Terre, rappelle plutôt le nom de l’eau dans la plupart des dialecte iraniens. Oitosyros, Apollon, dieu du soleil, est Mithra, Argimpasa, Aphrodite celèste, est la déesse de la lune. Le nom de Thagimasadas, Poséidon, dieu de la mer, reste obscur.

Pg 383-384

L’Enquête, Livre IV, Hérodote, Edition d’André Barguet, folio classique.

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Tous ceux-là, le grand Kronos les avalait dès le moment où, du ventre sacré de leur mère, ils tombaient entre ses genoux; Hésiode; Théogonie

Rhéïa forcée par Kronos

mit au monde de beaux enfants

Hestia, Déméter,

Héra aux sandales d’or,

et Hadès l’impitoyable,

dont la maison est sous la terre,

et Celui-qui-fait-trembler-la-terre

à grand fracas1,

et Zeus le très sage,

père des hommes et des dieux.

C’est lui dont le tonnerre fait frémir

la terre vaste.

Tous ceux-là, le grand Kronos

les avalait dès le moment

où du ventre sacré de leur mère

ils tombaient entre ses genoux.

Lui, il songeait que parmi

les descendants de Ciel,

quelqu’un deviendrait roi

de ceux qui ne meurent pas.

Il l’avait appris de Terre

et de Ciel parsemé d’étoiles :

sa destinée serait d’être vaincu par son fils

quelle que soit sa force.

Le grand Zeus l’avait voulu.

Sans fermer l’œil, il se méfiait ;

il restait aux aguets

et avalait ses enfants. Rhéïa

en souffrait terriblement.

Mais quand vint le moment où Zeus,

père des hommes et des dieux, devait

naître, alors elle supplia

ses parents (c’étaient aussi

ceux de Zeus), Terre, sa mère,

et Ciel parsemé d’étoiles,

de découvrir une ruse

pour qu’elle enfante sans qu’on la voie

son fils, et qu’un châtiment

mérité venge sur le père

les enfants avalés par

le grand Kronos Pensées-Retorses.

Ils écoutèrent leur fille qu’ils aimaient

et furent persuadés.

Ils lui firent connaître

ce qui avait été fixé

pour le sort de Kronos le roi

et de son fils au cœur dur.

Ils la firent aller à Lyktos,

dans le riche pays de Crète

le jour où elle devait

enfanter son dernier fils,

Zeus le grand. L’immense Terre

reçu dans ses mains l’enfant,

en Crète, vaste pays,

pour le nourrir et l’élever.

Elle s’en alla le portant

pendant que courait la nuit obscure

d’abord jusqu’à Lyktos.

Elle le cacha de ses mains

dans une caverne inaccessible,

au creux de la terre inspirée,

dans la montagne Aïgaïon

où sont des forêts très épaisses.

Puis elle langea une grande pierre

et la mit dans la main

du grand prince fils de Ciel,

premier roi des dieux.

Il la prit dans ses mains

et l’engloutit dans son ventre,

le malheureux ; il ne comprit pas

que grâce à cette pierre

son fils invincible, son fils

sans la moindre inquiétude,

était sauvé, et bientôt le battrait

de ses mains très fortes,

lui ôterait sa part et serait roi

de ceux qui ne meurent pas.

Par la suite on vit grandir

la force et le corps superbe

du jeune prince. Puis, lorsque furent

allées et venues les années,

trompé par la ruse très fine

que Terre avait inventée,

le grand Kronos Pensées-Retorses

recracha ses enfants,

vaincu par l’habileté

et par la force de son fils ;

il vomit tout d’abord la pierre

qu’il avait avalée en dernier.

Zeus la fixa en l’enfonçant

dans la terre où l’on chemine,

à Pythô2 l’inspirée,

près des grottes du Parnasse,

pour servir de stèle à jamais,

merveille pour ceux qui meurent.

Il délivra ses frères et ses sœurs,

les descendants de Ciel,

des liens affreux où les avait tenus

leur père en sa folie.

Eux désormais eurent pour lui

grande reconnaissance,

ils lui donnèrent le tonnerre

et la foudre étincelante

et l’éclair. Jusque-là Terre l’immense

tenait caché ce pouvoir,

qui le fait roi de ceux qui meurent

et de ceux qui vivent à jamais.

1:Poséïdon

2:Delphes

v 453 à 506

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