L’intuition, une logique inconsciente qui doit être nourrie par la collecte d’informations ; Laborit

Nous avons dit qu’un enfant nouveau-né était incapable de création, car il n’a à sa disposition aucun acquis mémorisé susceptible de lui fournir le matériel nécessaire à l’expression des ses facultés associatives. Nous devons par contre souligner que l’acquis mémorisé ne peut être présent à chaque instant dans le champ de la conscience du chercheur et que la plus grande partie de notre mémoire représente un matériel sorti depuis plus ou moins longtemps de ce champ de la conscience et qu’il n’est pas toujours facile de l’y rappeler par un processus de remémorisation. Tout se passe cependant (et l’expérience journalière d’une activité de recherche est là pour le montrer) comme si cet acquis inconscient, à condition toutefois, répétons-le, qu’il ne soit pas trop étroitement emprisonné par des automatismes acquis, était capable de jouer son rôle de substrat des processus associatifs. Les structures imaginaires auxquelles il est alors susceptible de donner naissance affleurant secondairement à la conscience, apparaîtront comme un don gratuit d’une déesse favorable : l’intuition. En réalité, l’intuition réclame un long effort, un lourd travail, celui de la collecte des informations. Mais cette collecte n’aura peut-être pas besoin de s’accompagner du maintien de l’expérience dans le champ du discours logique. Si l’on admet cette hypothèse, que bien des faits expérimentaux du domaine de la neuropsychologie tendent à faire accepter, on devra même à un degré de plus se méfier de la logique consciente capable d’étouffer dans certains cas la logique inconsciente. La logique inconsciente n’est pas en effet celle du discours, mais bien celle de la biochimie complexe qui gouverne l’activité de nos neurones cérébraux.

La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard.

Pg 319-320

Nous…. Et les autres ; Diamond

A l’instar des hyènes appartenant aux clans de Scratching Rock et de Mungi, les êtres humains ont jadis pratiqué une double norme de comportement : de puissantes inhibitions leur interdisaient de tuer l’un des « leurs», mais rien ne les empêchait de tuer les « autres», lorsque cela pouvaient se faire en toute sécurité. Le génocide était envisageable dès lors qu’existait cette dichotomie, indépendamment de savoir si celle-ci découlait d’un instinct génétique programmé ou d’une forme d’étique propre à l’homme. De nos jours encore, nous faisons tous durant l’enfance l’apprentissage d’un certains nombre de critères arbitraires, en fonction desquels nous classons les êtres humains de façon dichotomique, les uns étant jugés respectables, les autres méprisables. Je me rappelle une scène vécue à l’aéroport de Goroka sur les hautes terres de Nouvelle-Guinée : j’étais en compagnie de mes aides de terrain, des Néo-Guinéens appartenant à l’ethnie des Tudawhe, qui se tenaient gauchement, avaient les pieds nus et portaient des chemises déchirées, lorsque s’approcha un blanc mal rasé, crasseux, le chapeaux cabossé enfoncé sur les yeux, parlant avec un fort accent australien. Avant même qu’il ait commencé à se moquer méchamment de mes assistants, les traitants de «clodos noirs, qui seront bien incapable de gérer ce pays avant un siècle», je me surpris à penser que ce péqunot australien devrait retourner s’occuper de ses foutus moutons. L’un et l’autre, spontanément, nous nous étions fondés sur des caractéristiques globales saisies d’un coup d’oeil.

Avec le temps, cette dichotomie de classement des êtres humains est devenue de plus en plus inacceptable comme base d’un code éthique. Il s’est, au contraire, développé une tendance à respecter, au contraire, développé une tendance à respecter, au moins en paroles, une morale universelle en fonction de laquelle tous les êtres humains doivent être traiter selon les mêmes règles. La pratique du génocide est donc devenue contradictoire avec cette morale universelle. Mais, au siècle dernier, ce n’était pas encore le cas. Quand le général argentin Julio Argentino Roca ouvrit les pampas à la colonisation par les européens en exterminant impitoyablement les Araucans, les Argentins, enchantés et reconnaissants, l’élirent comme président de la république en 1880.

Des mécanismes de défense existent chez les exécuteurs. Ainsi, la plupart des personnes qui adhèrent à la morale universelle considèrent, cependant, que l’autodéfense est toujours justifiée. C’est une justification commodément élastique, car il est pratiquement toujours possible d’induire les «autres» à faire quelque acte à partir duquel il sera légitime d’invoquer l’autodéfense. Par exemple, les Tasmaniens ont fourni une excuse toute trouvée aux colons blancs qui les ont exterminés : ils ont tué, au total, cent quatre-vingt-trois de ces derniers en trente-quatre ans, estime-t-on (faut-il rappeler qu’ils ont eux-mêmes été les victimes d’un nombre bien plus grand d’actes violents, comprenant des mutilations, des enlèvements, des viols et des meurtres?). Hitler a invoqué l’autodéfense lorsqu’il a déclenché la seconde guerre mondiale, simulant une attaque d’un poste frontière allemand par le Polonais.

Une seconde justification traditionnellement invoquée tient au fait que les victimes ne pratiquent pas la «bonne» religion , n’appartiennent pas à la bonne race ou ne partagent pas la bonne opinion politique, à l’encontre du groupe des exécuteurs, ou bien encore que ce dernier représente le progrès ou un stade plus élevé de la civilisation. Lorsque j’étais étudiant à Munich, en 1962, des nazis non repentis m’ont encore expliqué que les allemands avaient été obligés d’envahir la Russie, puisque le peuple russe avait adopté le communsime. Mes quinze aides de terrain dans les Monts Fakfak de Nouvelle-Guinée me semblaient parfaitement semblables les uns aux autres, jusqu’à ce qu’ils entreprennent de m’expliquer lesquels étaient chrétiens, lesquels étaient musulmans, et pourquoi les premiers (ou les seconds) étaient irrémédiablement des êtres humains de second rang. Il existe une hiérarchie presque universelle admise dans les domaines des jugement de valeur, en fonction de laquelle les peuples dotés de l’écriture et d’une métallurgie développée (par exemple, les colons blancs en Afrique) se considèrent supérieurs aux peuples pasteurs (par exemple les Tutsis ou les Hottentots), lesquels se perçoivent supérieurs aux peuples d’agriculteurs (par exemple, les Hutus), lesquels s’estiment supérieurs aux chasseurs-cueilleurs (par exemple, les Pygmées ou les Bochimans).

Finalement, au regard de notre morale, les êtres humains et les animaux n’ont pas la même valeur. Par suite, les responsables de génocides à notre époque appliquent fréquemment à leurs victimes un registre animalier, afin de justifier leurs actes : les nazis considéraient les juifs comme de la vermine ; les colons français d’Algérie appelaient le musulmans des «ratons» ; les paraguayens d’origine européenne décrivaient les Indiens Aché (des chasseurs-cueilleurs) comme des rats féroces ; les Boers appelaient le Africains des «bobbejaan» (babouins) et les Nigérians du nord «civilisés» tenaient les Ibos pour des parasites1.

1 : En Anglais de nombreux noms d’animaux sont utilisés comme adjectifs péjoratifs («ape» [singe] ; «bitch» [chienne] ; «cur» [roquet] ; «dog» [chien] ; «ox» [bœuf] ; «rat» [rat] ; «swine» [cochon] N.d.T.)

Jared Diamond ; Le troisième chimpanzé ; Folio essai ; 1992; p 523-526

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Toute forme de censure et surtout d'autocensure doivent disparaître pour arrêter de protéger les systèmes de dominance; Laborit

Non seulement la censure doit disparaître, mais aussi l’autocensure de ceux qui veulent assurer leur promotion dans le système hiérarchique, consciemment et surtout inconsciemment. Inconsciemment, car le conditionnement par la gratification hiérarchique qu’offre la soumission à l’intérêt dit (par euphémisme) national n’est que l’expression du déterminisme qui guide l’inconscient du système nerveux humain dans sa recherche de la dominance. L’information doit circuler dans ses aspects contradictoires, ce qui semble possible dès lors qu’il n’existe plus de structure hiérarchique de dominance à protéger.

La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard.

Pg281-282

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Signal d'alarme de scientifiques, La terre est notre seul foyer!

Evolution des émissions de CO2[/caption] © Carbon Global Project Pour Corinne Le Quéré, de l’université britannique d’East Anglia, selon des propos rapportés par l’AFP : « c’est une grande déception. Avec 41 millards de tonnes de CO2 émis estimés pour 2017 [si l’on ajoute la déforestation, NDLR], on risque de manquer de temps pour garder la température sous 2 °C, et a fortiori 1,5 °C ». D’ailleurs, l’objectif très enthousiaste de limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C lors des accords de Paris en 2015 semble de plus en plus hors d’atteinte. Cet été, des chercheurs annonçaient même qu’il n’y aurait que 5 % de chances de le limiter à 2 °C. Le changement climatique provoqué par une hausse des émissions de gaz à effet de serre n’est qu’un des périls qui assombrit l’avenir de l’humanité et bien sûr avec elle, de la vie sur Terre. Affectés désormais par les perturbations créées par le réchauffement global dont nous sommes responsables, les écosystèmes sont aussi violemment impactés par leur destruction frontale par l’Homme depuis plusieurs siècles : déforestation, braconnage, exploitation minière, artificialisation des sols, agriculture intensive et usages massifs de pesticides… Sans oublier les océans et la vie marine. Tous les voyants passent au rouge. « Nous avons déclenché un phénomène d’extinction de masse, le sixième en 540 millions d’années environ, au terme duquel de nombreuses formes de vie pourraient disparaître totalement », déplorent les 15.000 signataires. Un grand nombre de vertébrés et invertébrés, terrestres et marins, sont en danger d’extinction. Nous avons appris il y a quelques semaines que la population d’insectes volants s’est effondrée de 75 % en 30 ans en Allemagne. Un chiffre que l’on peut élargir à l’Europe où les conditions sont similaires sur de nombreux territoires. Leur perte est non seulement dommageable pour la pollinisation mais aussi pour l’ensemble de la chaîne alimentaire, avec les conséquences que l’on peut craindre. Interrogé par Le Monde, le biologiste Gilles Bœuf, ancien président du Muséum national d’histoire naturelle, rappelle une évidence : « La biodiversité, nous en faisons partie : la nature, c’est nous. Nous ne sommes pas à côté d’elle. Dès que l’on admet cela, on comprend que détruire les écosystèmes revient à s’auto-agresser, qu’opposer la protection de la nature d’un côté à la création d’emplois et au court terme économique de l’autre est d’une totale stupidité ».   Pas plus tard qu’il y a huit jours, le célèbre physicien Stephen Hawking déclarait lors d’une conférence que si nous ne faisons rien, la Terre serait inhabitable dans un avenir proche, en proie à une surpopulation, des terres devenues incultivables et un épuisement croissant des ressources naturelles. Il exhortait l’humanité à préparer l’exploration interstellaire. Depuis la signature du premier appel en 1992, la population mondiale a augmenté de 35 % (nous sommes à présent 7,6 milliards, selon les derniers chiffres des Nations Unies de juin 2017), ce qui n’est pas sans incidences sur les ressources comme l’eau douce. En effet, « le volume d’eau douce disponible par habitant a chuté de moitié » depuis les années 1960. Tout est une question de gestion des ressources. Dans Le Monde, le démographe Hervé Le Bras rappelle que « si l’ensemble de l’humanité mangeait comme les Français, les ressources de la planète permettraient de nourrir seulement 4 milliards d’humains. A contrario, avec le régime du Bangladesh, ce serait 12 milliards ». Enfin, la pression démographique s’exerce sur les milieux naturels, les fragmentant de plus en plus jusqu’à les réduire à peau de chagrin. On le voit en Amazonie ou en Indonésie, exemples les plus connus où les grandes forêts, foyers des plus riches biodiversités de la planète, sont mises en pièce — idem dans les milieux marins avec la destruction notamment des coraux en raison du réchauffement des eaux et de leur acidification — pour des monocultures (huile de palme, soja pour les animaux…), mais c’est aussi le cas dans nos campagnes où la nature laisse la place au béton (environ 236 hectares de perdus par jour en France). « Nous mettons en péril notre avenir en refusant de modérer notre consommation matérielle intense mais géographiquement et démographiquement inégale, et de prendre conscience que la croissance démographique rapide et continue est l’un des principaux facteurs des menaces environnementales et même sociétales. » Il sera bientôt trop tard ! Pour les chercheurs, nos seules chances de salut passent par un sursaut collectif et aussi individuel : « grâce à un raz-de-marée d’initiatives organisées à la base, il est possible de vaincre n’importe quelle opposition, aussi acharnée soit-elle, et d’obliger les dirigeants politiques à agir », écrivent-ils. Et cela passe aussi par nos comportements individuels « en limitant notre propre reproduction […] et en diminuant drastiquement notre consommation par tête de combustibles fossiles, de viande et d’autres ressources ». « Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l’échec car le temps presse, conclut l’appel de 2017. Nous devons prendre conscience, aussi bien dans nos vies quotidiennes que dans nos institutions gouvernementales, que la Terre, avec toute la vie qu’elle recèle, est notre seul foyer. » Xavier Demeersman, Journaliste voir son article complet sur futura-sciences.com voir la version complète en anglais sur l’American Institute of Biological Sciences]]>

L'autoaveuglement masculin ; Wright

1. Telle est la grande sortie de secours des hommes, qui pratiquent cette forme de séduction élaborée et qui, pris de panique un beau matin, finissent par décamper. « Je l’aimais à l’époque », se souviendront-ils, émus, si on leur pose la question avec insistance. Cela ne signifie pas que l’amour d’un homme soit systématiquement feint, ni que chaque fois qu’il tombe amoureux il y ait égarement tactique. Il arrive que les hommes croient vraiment à leurs sentiments d’amour éternel. D’ailleurs, un mensonge total est-il vraiment possible ? En toute bonne foi l’amoureux transi n’a aucun moyen de savoir ce que le futur lui réserve. 1:Pour l’observation faite par Trivers en 1976 et la construction de son raisonnement, se reporter au chapitre XIII, « tromper les autres et se tromper soi-même ». La première personne à appliquer cette logique semble avoir été Joan Lockard (1980). Tooke et Camire(1990) apportent un début de preuve de l’autoaveuglement masculin. L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne ; Robert Wright ;Folio Documents ;extrait Pg 104-105]]>

La démocratie : phare dans un monde aveugle ou leurre dans un monde inconscient ?? ; Laborit

La démocratie semble devoir généraliser le pouvoir politique puisque la voix d’un P.-D.G. Ne vaut pas plus dans l’urne que celle d’un manœuvre. Cependant, il faut tout d’abord noter que, du fait de l’importance croissante de l’information spécialisée par rapport à la thermodynamique humaine, une masse croissante de la population participe plus ou moins à la satisfaction hiérarchique, et se trouve ainsi moins tentée de s’unir aux plus défavorisés, inconsciente qu’elle est de sa privation totale d’un pouvoir politique, qu’elle ne cherche même pas à revendiquer. « Vous savez, je ne fais pas de politique. » On vous dit cela comme on vous préviendrait que l’on n’est pas atteint de maladie contagieuse, sans réaliser que cela signifie à peu près que l’on est aveugle, muet et impuissant. Il est vrai que de faire de la politique comme on en fait généralement, comme en font d’ailleurs la majorité des politiciens, ce n’est pas tellement différent. Mais surtout, les notions d’information et de structure nous permettent maintenant de comprendre que l’élément P.-D.G. Ou manœuvre a relativement peu d’importance en comparaison des rapports, des relations qu’il entretiennent dans l’ensemble social. En d’autres termes, c’est la structure sociale, l’ensemble des relations entre les éléments de l’ensemble social, qui revêt de l’importance et non le nombre absolu de P.-D.G. ou de manœuvres. On peut imaginer des déplacements importants du nombre de ces éléments sans pour autant que la structure générale de l’ensemble soit profondément transformée. Dans une structure hiérarchique, il importe peu au fond que les dominants soient des capitalistes, des bourgeois, des technocrates ou des bureaucrates, qu’elle possède moins de manœuvres et plus de techniciens. L’étiquette accrochée aux éléments peut changer, la structure verticale hiérarchique reste la même. On conçoit dans ces conditions, comme nous l’avons déjà laissé entendre, que la démocratie est un jeu de dupes, dès qu’un pouvoir politique est délégué au sein d’une structure hiérarchique. C’est la raison sans doute du fait que malgré la disparition de la propriété privée des moyens de production, le pouvoir politique individuel ne s’est pas accru dans les régimes dits socialistes contemporains, c’est le moins que l’on puisse dire. Il résulte de tout cela que ce qu’exprime un bulletin de vote, ce n’est pas un pouvoir politique réel, informé de façon généralisée, un pouvoir fondé sur un savoir ou une indispensabilité, mais bien l’acceptation ou le refus d’un système hiérarchique qui prolonge sur le plan politique une hiérarchie professionnelle, suivant que l’individu se sent suffisamment ou non gratifié par sa situation hiérarchique professionnelle. On ne vote pas pour une remise en cause fondamentale de la finalité globale de l’état, si ce n’est dans des phrases stéréotypées qui se déchaînent contre « le profit capitaliste », sans remettre en cause l’expansion, pour la « qualité de vie », sans remettre en cause les hiérarchies ou la société industrielle, pour les petits commerçants, les petits agriculteurs, les petits artisans, etc., sans remettre en cause l’indispensabilité des classes fonctionnelles. Car pour exercer réellement un pouvoir politique, il faut être informé des problèmes posés aux structures générales de l’ensemble national au sein des ensembles internationaux et informé de façon non orientée, informé suivant le sens que nous donnerons plus loin à l’information généralisée. Nous n’en sommes point encore là. Les « nouvelles sociétés » ici ou là n’ont jamais envisagé, ni le temps nécessaire à chaque individu, ni le polymorphisme de l’information, ni les structures scientifiques, sociologiques en particulier, dans lesquelles cette information généralisée doit s’inscrire. Ces nouvelles sociétés ne sont que des sociétés de satisfactions économiques croissantes, liées à l’expansion, mais la satisfaction d’un besoin de pouvoir politique, impossible à réaliser sans information généralisée, n’est jamais envisagé. Et nous retrouvons la notion de « malaise social » telle que nous avons tenté de le définir précédemment. Le système étant fondé sur une hiérarchie de pouvoir professionnel à spectre extrêmement large, chaque individu trouve toujours un « inférieur » à paternaliser pour se gratifier et un « supérieur » pour l’empêcher de se gratifier, pour l’aliéner, mais aussi une institution que le sécurise sur l’avenir réservé à l’assouvissement de ses besoins fondamentaux. Ni heureux ni malheureux, l’individu est automatisé par les mass média de telle façon que ses motivations sont entièrement orientées vers la consommation des marchandises et la promotion sociale qui perpétuent les hiérarchies de valeur et de salaires puisque celle-ci sont entièrement organisées par la production de marchandises. La démocratie des pays « libres » (terme destiné sans doute à créer un mouvement d’opinion) montre que la plupart des individus votent, en pleine ignorance de ces problèmes fondamentaux, pour ceux qui leur promettent de conserver celle qu’il possèdent déjà. On vote suivant la conscience qu’on a de ses propres gratifications dans un système donné, suivant que l’on est satisfait ou non de son statut de dominance. Et lorsque l’on est insatisfait on vote contre le système, pour un autre système que ne remet jamais fondamentalement en cause les hiérarchies de dominance professionnelles non plus que l’expansion. On vote pour un système qui reproduira intégralement en changeant les étiquettes, les hiérarchies professionnelles, source fondamentale des aliénations. La nouvelle grille ; Henri Laborit ; Folio Essai ; Gallimard. Pg 180-183]]>