Enki prépose l'univers; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

Et c’est la champion, le taureau sorti du bosquet embaumé

le lion rugissant,

Utu le vaillant, le taureau bien campé

qui fait avec orgueil montre de sa puissance,

le père de la « grande cité 1 », à l’orient,

le grand héraut de An le saint,

le juge, celui qui rend les sentences

à la place des Continuer la lecture de « Enki prépose l'univers; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme. »

Enki ordonne le régime du fleuve tigre; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

Il se campa sur ses pieds, comme un taureau impatient,

érigea son pénis, éjacula,

et remplis d’eau chatoyante le fleuve,

comme si c’eût été une vache, au pâturage,

meuglant après son veau demeuré à l’étable ……

Le Tigre, ensuite, se soumit à lui,

Comme à un taureau impatient

qui, son pénis Continuer la lecture de « Enki ordonne le régime du fleuve tigre; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme. »

Nul loup, nul corbeau, nul lion avant la venue d'Enki; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

Dilmun1 est saint ! Dilmun est pur !

Dilmun est pu ! Dilmun est lumineux !

C’est lorsqu’il fut établi avec son unique-

lorsqu’Enki s’y fut établi avec son épouse

que cette région devint pure et lumineuse !

Lorsqu’il fut établi en Dilmun, avec son unique-

Cette région, lorsqu’Enki s’y fut Continuer la lecture de « Nul loup, nul corbeau, nul lion avant la venue d'Enki; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme. »

Cyrus, fils d'Astyage-1; Enquête, Hérodote

Le fils de Cyaxare, Astyage, lui succéda. Il eut une fille qu’il nomma Mandane; en rêve, il lui sembla qu’elle inonda de son urine sa capitale, puis l’Asie toute entière. Il confia son rêve aux Mages chargé d’interpréter les songes, et fut effrayé de l’explication qu’il lui en donnèrent. Plus tard, quand cette Mandane fut en âge d’être mariée, impressionné par ce rêve, il ne la donna pas à l’un des Mèdes dignes de cette alliance, mais à un Perse du nom de Cambyse, qu’il savait de bonne naissance et d’humeur paisible, et qui était à ses yeux bien au-dessous d’un Mède de condition moyenne1.

Or, dans la première année de mariage Astyage fit un autre rêve: il lui sembla que du sexe de sa fille naissait une vigne, et que cette vigne recouvrait toute l’Asie. Après avoir communiqué sa vision aux interprètes des songes, il fit venir de perse sa fille qui allait accoucher et, dès son arrivée, la fit garder de près: il avait l’intention de faire périr le fruit qui naîtrait d’elle, car, d’après les Mages, son rêve signifiait que l’enfant de sa fille régnerait un jour à sa place. Astyage voulut éluder ce péril et, sitôt Cyrus né, il fit venir Harpage, un parent, le Mède qui lui était le plus dévoué, son confident le plus intime. « Harpage, lui dit-il, je vais te confier une tâche: ne la néglige pas, ne me trompe pas et n’attire pas le malheur sur ta tête en servant d’autres intérêts que les miens. Prend le fils aîné de Mandane, emporte le chez toi, et tue-le. Tu l’enseveliras ensuite comme tu voudras.

-Seigneur, répond Harpage, jamais encore tu n’as vu ton serviteur te déplaire, et je veillerai, à l’avenir aussi, à ne jamais t’offenser. Si telle est ta volonté, mon devoir est de te servir exactement. »

Ainsi répondit Harpage; il reçut l’enfant revêtu déjà des parures funèbres et revint chez lui en pleurant. De retour au logis, il rapporta les paroles d’Astyage à sa femme. « Et maintenant, lui demanda-t-elle, qu’as-tu l’intention de faire? » Il répondit: « De ne pas exécuter les ordres d’Astyage, quand il se montrerait encore plus fou et déraisonnable qu’il ne l’est: non, je ne suivrai pas ses instructions, je ne le servirai pas pour un meurtre pareil. J’ai bien des raisons de ne pas tuer cet enfant: d’abord, c’est un parent; ensuite Astyage est âgé, il n’a pas d’héritier mâle: si le pouvoir doit, après sa mort, passer à sa fille dont il me charge aujourd’hui de tuer l’enfant, à quoi puis-je m’attendre, si ce n’est au danger le plus terrible? Eh bien, pour ma sécurité, cet enfant doit périr; mais son meurtrier doit être l’un des serviteurs d’Astyage, et non l’un des miens. »

Il dit et sur-le-champ il envoya un messager à l’un des bouviers d’Astyage, qu’il savait mener ses troupeaux dans les pâturages les plus propres à son dessein, sur la montagne la plus infestée de bête fauve. Cet homme s’appelait Mitradatès;…

….

Le bouvier obéit en grande hâte à l’appel d’Harpage, qui lui dit ceci: « Astyage t’ordonne d’emporter cet enfant et de l’abandonner sur la plus déserte des montagnes, pour qu’il périsse au plus tôt. J’ai ordre aussi de te dire que si, au lieu de mourir, tu t’arranges pour lui sauver la vie, tu mourras de la mort la plus cruelle.

……

(ndlr: le bouvier raconte tout à sa femme qui doit accoucher sous peu, celle-ci tente de le faire changer d’avis.)

Sa femme ne put le faire changer d’avis et finit par lui dire: « Eh bien, puisque je ne puis te décider à ne pas l’exposer, voici ce que tu dois faire: s’il faut absolument que l’on voit un enfant exposé, j’ai accouché, moi aussi, mais d’un enfant mort: va l’exposer, et élevons l’enfant de la fille d’Astyage comme s’il était le nôtre. Ainsi l’on ne pourra te convaincre d’avoir trahi tes maîtres, et nous n’aurons pas pris un mauvais parti: l’enfant mort aura une sépulture royale, l’enfant qui reste ne perdra pas la vie. »

……

(ndlr: ce qui fut fait)

Trois jour plus tard il repartit pour la ville en laissant un de ses pâtre veiller sur le corps, et il alla prévenir Harpage qu’il était prêt à lui montrer le cadavre de l’enfant. Harpage envoya sur place ses gardes les plus fidèles; il s’en remit à leur yeux et fit ensevelir le fils du bouvier. Ainsi l’un fut enseveli, et l’autre, qu’on appela plus tard Cyrus, fut recueilli par la femme du bouvier qui l’éleva sous un nom autre que celui-là2.

Quand l’enfant eut dix ans, l’aventure que voici le fit reconnaître: il jouait dans le village où se trouvaient les étables du roi, et jouait avec des enfants de son âge, sur la route. Or, dans leur jeu, les enfants prirent pour roi celui que l’on appelait le fils du bouvier. Le garçon chargea les uns de bâtir ses palais, les autres d’être ses gardes du corps, quelque autre d’être « l’oeil du roi »3; un autre encore eut l’honneur de lui remettre les messages; chacun avait sa tâche. L’un de ses compagnons de jeu, fils d’un grand personnage chez les Mèdes, Artembarès, n’exécuta pas l’un des ordres de Cyrus, qui ordonna aux autres enfants de le saisir; ils obéirent, et Cyrus le frappa sévèrement de son fouet. Sitôt relâché, l’enfant furieux surtout d’avoir subi un traitement qu’il jugeait indigne de lui, courut à la ville se plaindre à son père de ce que Cyrus lui avait fait.

note de bas de page

1:Cambyse (vers 600-559), fils de Cyrus I (vers 640-600) fils lui-même de Téispès (vers 675-640) était en réalité roi d’ANzan, la région qui, à l’ouest de la Perse, avait Suse pour Capitale et formait la partie basse de l’Élam, s’il était vassal du roi Mède. Astyage régna de 584 à 555.

2:Exposer un nouveau-né, de façon à s’en débarrasser sans être directement souillé par sa mort, était procédé courant, pour des raisons familiales ou économiques, ou par eugénisme; le thème de l’enfant exposé, miraculeusement sauvé et reconnu par les siens, est fréquent dans les légendes héroïques, et a souvent été utilisé par la tragédie et la comédie anciennes.

3:Le titre d’Oeil ou d’Oreille du Roi désignait un fonctionnaire chargé d’une mission d’inspection ou de surveillance.

pg 98-102

L’Enquête, Livre I, Hérodote, Edition d’André Barguet, folio classique.

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Inanna sonde les cœurs; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

La sainte Inanna voulu redescendre sur terre !

C’est pour départager les méchants et les justes,

sonder les coeurs dans le pays,

séparer le vrai du faux, qu’elle voulu descendre ici-bas.

Que n’a-t-on débité la-dessus !

Que n’a-t-on raconté encore !

C’était la dame monté sur le puissant Aurochs céleste,

et fameuse par ses pouvoirs !

Inanna chevauchant l’énorme lion terrestre,

et fameuse par ses pouvoirs !

Que n’a-t-on débité la-dessus !

Que n’a-t-on raconté encore !

Donc, ce jour là, la Déesse quitta le ciel

pour descendre ici-bas !

Inanna et Šukaletuda v.5 -15.

Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.]]>

An décrit l'Ebih à Inanna pour la dissuader d'attaquer ce pays; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

Mais An , le roi des dieux, de lui répondre :

« Ma fille veut donc abattre ce pays :

mais pourquoi ?

Inanna veut abattre ce pays :

mais pourquoi ?

Elle veut abattre l’Ebih : mais pourquoi ?

Il a répandu sa craint e et sa terreur

jusqu’au séjour des dieux !

Il a répandu son épouvante

jusqu’à la résidence des Anunna !

Il a répandu sa crainte et sa terreur

parmi la terre entière !

Ce pays a répandu son éclat surnaturel

jusque sur la montagne !

Ses hauteurs, avec arrogance, se dressent jusqu’au ciel !

Les fruits comblent ses jardins florissants :

la luxuriance s’y étale !

Ses arbres élancés emplissent les profondeurs du ciel :

comme ils sont beau à voir !

Sous leur branches entrelacées,

L’Ebih fait circuler des couples de lions ;

il y a laissé se multiplier à l’excès ours et cerfs ;

il a fait errer çà et là des aurochs

parmi ses opulents herbages,

et des chevreuils s’accouplent entre ses « cèdres » montagneux !

Sa crainte et sa terreur ne t’y laisseront pénétrer !

Le terrifique éclat surnaturel de ce pays,

nul n’y peut faire face, ô jeune femme Inanna.

Victoire d’Inanna sur l’Ebih, v.111-129

Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.]]>

Erra (Nergal) revient à de meilleurs sentiments grâce à son capitaine Išum; Bottéro-Kramer; Lorsque les dieux faisaient l'homme.

Certes, moi-même, j’ai tramé du mal,

à cause d’une faute antérieure.

Pour m’être irrité en mon cœur,

j’ai abattu des populations !

Tel un berger mercenaire,

j’ai écarté du troupeau le bélier-de-tête ;

tel un qui n’a point planté de verger,

j’y ai taillé sans scrupule ;

tel un pillard étranger,

j’ai abattu sans distinction bons et méchants !

Mais on arrache pas la proie

à la gueule du lion rugissant,

et si quelqu’un est enragé, nul autre ne peut le modérer.

Sans Išum, mon capitaine, que subsiterait-il ?

Où serait votre pourvoyeur ? Où vos officiants ?

Où, vos offrandes alimentaires ?

Vous ne respireriez plus d’encens! »

Le poème d’Erra, tablette V, v.6-15

Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.

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