Et lorsqu’en la contrée rebelle, il eut sarclé comme joncs
et arraché comme roseaux l’Asakku,
Le seigneur Ninurta …… sa matraque (en disant)
« Tel……. :
Désormais, on ne t’appellera plus Asakku, mais « Pierre »
-Une pierre dont le nom propre sera zalqu
au sein de quoi se trouvera l’Enfer
et dont la vaillance reviendra au seigneur. »
…………….
Or en ce temps-là, l’eau vivificatrice
ne sortait pas encore du sol,
Mais, transformée en glace accumulée,
elle ravinait, en fondant, les montagnes,
aussi les dieux du pays, réduits au travail forcé,
devaient-ils -telle était leur corvée-
porter la pioche et le couffin
car, afin d’assurer la production,
on avait pas d’autre ouvriers à engager.
………………..
Cruelle était la famine, car rien n’était encore produit !
Nul ne nettoyait les canaux, nul n’en draguait la fange,
Et, faute de drainage, la glèbe était imbibée d’eau !
Il n’y avait d’orge que clairsemée :
On ne creusait pas de sillon,
C’est à quoi le Seigneur appliqua sa haute intelligence :
il entreprit la réalisation de merveilles1 !
En la montagne, il amoncela donc les pierres,
et, déployant ses bras
tel un nuage épais qui traverse le ciel,
il verrouilla le front du pays, comme une altière muraille
……………….
Dès lors, le contenu entier de l’univers,
sous la coupe du roi du pays, jusqu’aux bouts de la terre,
jouirait des bienfaits du Seigneur Ninurta !
A la terre arable, il assigna donc
la culture de l’orge diaprée ;
des jardins et vergers il fit sortir des fruits,
et remplit les silos de monceaux de grains.
Hors du pays, il installa des comptoirs de commerce,
ainsi contenta-t-il tous les désirs des dieux,
lesquels, à l’envi, proclamèrent
Le los du père de Ninurta !
Une fois, cependant, il attrista le coeur d’une femme, sa mère,
Ninmah, qui en perdit le sommeil, sur sa couche
où, se souvenait-elle, elle l’avait conçu !
Son corps vêtu d’une toison de laine, semblant une brebis,
une brebis pas encore tondue,
elle se complaignait aigrement que lui fût fermée la montagne.
………….
Ontologie des noms de Ninhursag, nouvelle attribution de Ninmah
Le nom sera désormais « les monts » (hur.sag)
et tu en seras « la dame »(nin).
Tel est ton destin arrêté par moi, Ninurta :
Ainsi en sera-t-il !
Aussi, dorénavant, te dira-t-on toujours « dame-des-monts »
……….
Déesse auguste (dingir.mah) qui n’aimes guère les bavardages ;
Noble femme, dame des monts (Nin. Hursag), lieu pur (ki.sikil) ;
Dame de l’enfantement (Nin.tu) ….
1:On trouvera en akkadien cette expression dans l’épopée de la création attribuée à Marduk
Extrait du Lugal.e v.324-330, 334-339, 343-351, 360-371 et 394-396
Lorsque les dieux faisaient l’homme, Mythologie mésopotamienne par Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Bibliothèque des Histoires, nrf, Éditions Gallimard.