L’extinction actuelle banale ?; Diamond

Peut-on arguer à cela que l’extinction est un processus naturel et inéluctable ? Mais le rythme des extinctions provoquées par l’homme est bien plus élevé que le rythme naturel. Si l’on admet que la moitié des trente millions d’espèces vivant actuellement seront éteintes au siècle prochain, cela signifie que les espèces s’éteignent de nos jours au rythme d’environ 150 000 par an, soit 17 par heure. Les espèces d’oiseaux du monde entier – 9000 au total – connaissent aujourd’hui un rythme d’extinction d’au moins deux espèces par an. Mais, dans les conditions naturelles, ce rythme était de moins d’une espèce par siècle. En conséquence, le rythme actuel des extinctions d’oiseaux est d’au moins 200 fois plus élevé que la normale. Déclarer que la vague d’extinction actuelle est banale, en disant qu’il s’agit là d’un phénomène naturel, revient à déclarer que les génocides sont des phénomènes banals, puisque la mort est le destin naturel de tout les êtres humains.

Jared Diamond ; Le troisième chimpanzé ; Folio essai ; 1992; p 632

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Signal d'alarme de scientifiques, La terre est notre seul foyer!

Evolution des émissions de CO2[/caption] © Carbon Global Project Pour Corinne Le Quéré, de l’université britannique d’East Anglia, selon des propos rapportés par l’AFP : « c’est une grande déception. Avec 41 millards de tonnes de CO2 émis estimés pour 2017 [si l’on ajoute la déforestation, NDLR], on risque de manquer de temps pour garder la température sous 2 °C, et a fortiori 1,5 °C ». D’ailleurs, l’objectif très enthousiaste de limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C lors des accords de Paris en 2015 semble de plus en plus hors d’atteinte. Cet été, des chercheurs annonçaient même qu’il n’y aurait que 5 % de chances de le limiter à 2 °C. Le changement climatique provoqué par une hausse des émissions de gaz à effet de serre n’est qu’un des périls qui assombrit l’avenir de l’humanité et bien sûr avec elle, de la vie sur Terre. Affectés désormais par les perturbations créées par le réchauffement global dont nous sommes responsables, les écosystèmes sont aussi violemment impactés par leur destruction frontale par l’Homme depuis plusieurs siècles : déforestation, braconnage, exploitation minière, artificialisation des sols, agriculture intensive et usages massifs de pesticides… Sans oublier les océans et la vie marine. Tous les voyants passent au rouge. « Nous avons déclenché un phénomène d’extinction de masse, le sixième en 540 millions d’années environ, au terme duquel de nombreuses formes de vie pourraient disparaître totalement », déplorent les 15.000 signataires. Un grand nombre de vertébrés et invertébrés, terrestres et marins, sont en danger d’extinction. Nous avons appris il y a quelques semaines que la population d’insectes volants s’est effondrée de 75 % en 30 ans en Allemagne. Un chiffre que l’on peut élargir à l’Europe où les conditions sont similaires sur de nombreux territoires. Leur perte est non seulement dommageable pour la pollinisation mais aussi pour l’ensemble de la chaîne alimentaire, avec les conséquences que l’on peut craindre. Interrogé par Le Monde, le biologiste Gilles Bœuf, ancien président du Muséum national d’histoire naturelle, rappelle une évidence : « La biodiversité, nous en faisons partie : la nature, c’est nous. Nous ne sommes pas à côté d’elle. Dès que l’on admet cela, on comprend que détruire les écosystèmes revient à s’auto-agresser, qu’opposer la protection de la nature d’un côté à la création d’emplois et au court terme économique de l’autre est d’une totale stupidité ».   Pas plus tard qu’il y a huit jours, le célèbre physicien Stephen Hawking déclarait lors d’une conférence que si nous ne faisons rien, la Terre serait inhabitable dans un avenir proche, en proie à une surpopulation, des terres devenues incultivables et un épuisement croissant des ressources naturelles. Il exhortait l’humanité à préparer l’exploration interstellaire. Depuis la signature du premier appel en 1992, la population mondiale a augmenté de 35 % (nous sommes à présent 7,6 milliards, selon les derniers chiffres des Nations Unies de juin 2017), ce qui n’est pas sans incidences sur les ressources comme l’eau douce. En effet, « le volume d’eau douce disponible par habitant a chuté de moitié » depuis les années 1960. Tout est une question de gestion des ressources. Dans Le Monde, le démographe Hervé Le Bras rappelle que « si l’ensemble de l’humanité mangeait comme les Français, les ressources de la planète permettraient de nourrir seulement 4 milliards d’humains. A contrario, avec le régime du Bangladesh, ce serait 12 milliards ». Enfin, la pression démographique s’exerce sur les milieux naturels, les fragmentant de plus en plus jusqu’à les réduire à peau de chagrin. On le voit en Amazonie ou en Indonésie, exemples les plus connus où les grandes forêts, foyers des plus riches biodiversités de la planète, sont mises en pièce — idem dans les milieux marins avec la destruction notamment des coraux en raison du réchauffement des eaux et de leur acidification — pour des monocultures (huile de palme, soja pour les animaux…), mais c’est aussi le cas dans nos campagnes où la nature laisse la place au béton (environ 236 hectares de perdus par jour en France). « Nous mettons en péril notre avenir en refusant de modérer notre consommation matérielle intense mais géographiquement et démographiquement inégale, et de prendre conscience que la croissance démographique rapide et continue est l’un des principaux facteurs des menaces environnementales et même sociétales. » Il sera bientôt trop tard ! Pour les chercheurs, nos seules chances de salut passent par un sursaut collectif et aussi individuel : « grâce à un raz-de-marée d’initiatives organisées à la base, il est possible de vaincre n’importe quelle opposition, aussi acharnée soit-elle, et d’obliger les dirigeants politiques à agir », écrivent-ils. Et cela passe aussi par nos comportements individuels « en limitant notre propre reproduction […] et en diminuant drastiquement notre consommation par tête de combustibles fossiles, de viande et d’autres ressources ». « Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l’échec car le temps presse, conclut l’appel de 2017. Nous devons prendre conscience, aussi bien dans nos vies quotidiennes que dans nos institutions gouvernementales, que la Terre, avec toute la vie qu’elle recèle, est notre seul foyer. » Xavier Demeersman, Journaliste voir son article complet sur futura-sciences.com voir la version complète en anglais sur l’American Institute of Biological Sciences]]>

Quelle proportion des combustibles fossiles faut-il impérativement laisser dans le sol pour limiter le réchauffement ? ; Jean Gadrey ; Le monde diplomatique, novembre 2015

Quelle proportion des combustibles fossiles faut-il impérativement laisser dans le sol pour limiter le réchauffement ? Et si c’est entre 60 et 80 %, comme l’affirment les évaluations les plus récentes, quelles conséquences cela peut-il avoir sur une croissance mondiale encore très largement propulsées par ces combustibles ? Plu généralement, la croissance économique même faible, est-elle compatible avec les taux de réduction des émissions de gaz à effet de serre aujourd’hui exigés pour ne pas franchir le seuil critique de concentration dans l’atmosphère ? Extrait de « Croissance un culte en voie de disparition » ; Jean Gadrey ; Le monde diplomatique, novembre 2015]]>